20 janvier 2021
17 janvier 2021
Déménager à Bali par précaution.
12 janvier 2021
Formules.
11 janvier 2021
Cata combe.
J'avais oublié à quel point les mots sortent de moi comme du jus de citron quand je suis déchirée. A quel point ma mémoire redevient vivace et tortueuse, quand j'ingurgite goulument des canettes de bière, des fonds de vodka en tremblant de solitude et de douleur quelque part dans un angle de ma tanière.
Comment les mots me manquent quand le philtre d'amour m'embrume les yeux, comment je suis muette et sourde à cette viscérale douleur qui remplit ma poitrine de plomb et me la fout dans l'estomac. J'avais oublié comment je suis ivre, de toute la tristesse de mes espoirs. Comment je suis grincheuse et affamée de folie. Comment je suis dangereuse, soumise à l'addiction et à l'autodestruction.
Elle me l'a dit, Anne : "j'ai l'impression que tu fais exprès". J'ai ce sentiment aussi. Que elle fait exprès. Cette pauvre peau épineuse pleine de crevasses que je mets à l'envers pour qu'on ne s'approche pas de moi quand je suis seule. Je consomme mes sanglots, je cultive ma faim, je m'arrache la gorge en fumant quand la neige devrait tomber. J'ai envie de tomber avec elle. J'ai envie d'avoir mal, si mal, autre part que dans le creux de la poitrine, qui s'est recroquevillée comme un pruneau.
Ca n'ira pas mieux. C'est pas allé mieux en 2012, quand j'ai soufflé sur le pissenlit de ce que je croyais être mon bonheur éternel. Ca n'ira pas mieux en 2021, où c'est moi qu'on a soufflé comme un tas de poussière.
J'empile les ossements. Je fais un tas avec les tibias, les vertèbres et les phalanges des personnes qui m'ont bouleversée, et ce tas est plus grand que moi. Et j'empile et j'empile et j'empile et ça finit par s'écrouler sur moi. Je finis ensevelie. Je finis plus bas que terre. Un jour, sans doute, je finirai morte, avec tous ces souvenirs creux qui me tomberont dessus. Je ne sentirai rien, car je mourrai sur le coup, tellement il y aura eu de beaux chagrins qui me passeront sur les épaules.
09 janvier 2021
05 janvier 2021
Pommes et foie gras.
L'odeur du foie gras m'a toujours rappelé mon chien. Ce sont les mêmes vapeurs allègres de chair cuite putréfié qui se dégageaient de sa gueule chaude et de sa robuste et visqueuse langue, à la fois rêche et rose, lorsqu'il venait me donner un de ses bécots baveux, pendant que je ramassais des pommes au fond du jardin, afin de les lui jeter. Mes petits pieds ensandalés s'enfonçaient dans la terre noire et mousseuse, ignorant les piqûres des orties, et les griffes des ronces. Tout était très rituel : je scrutais l'horizon du haut de mes 90 centimètres, je localisais les bosses brillantes, rouges roses et jaunes, que formaient les pommes au sol. Je repérais les plus belles. Je me dirigeais vers elles, je les empoignais de mes petites mains et je les retournais.
Quelle était ma déception, quand, la plupart du temps, je trouvais le côté enfoncé dans la terre rongé par des vers, des limaces ou des écureuils. Cela me dégoûtait et me décevait un peu. Je laissais tomber la pomme là où je l'avais trouvée et je poursuivrais ma quête. Il me fallait faire au moins quelques mètres avant de tomber sur une belle pomme toute lisse, brillante, pas encore souillée par les miracles des sous-bois. Je l'auscultais alors avec fierté, l'astiquais avec mon débardeur, et jetais un regard malicieux à Jeep. Il frémissait d'impatience. Si par hasard je n'arrivais pas à croiser ses petits yeux marrons parce qu'il était trop occupé à chasser les crapauds, je criais son nom de ma voix aiguë. Jeeeeeep !
Il faisait volte-face, le museau braqué en direction de ma main, qui tenait la pomme déjà bien haut au dessus de ma tête. Je n'avais pas besoin de lui crier "assis", il s'accroupissait de lui-même, sans poser ses flancs au sol, prêt à bondir dès lors que le fruit aurait quitté ma paume.
En prenant de l'élan, en pliant mon bras et en le ramenant vers l'arrière, près de mon oreille, Jeep bondissait. Je n'avais pas à choisir la direction dans laquelle jeter la pomme, il le faisait à ma place. Lorsque je balançais le fruit de toutes mes forces, l'immense chien avait déjà parcouru quelques mètres. Alors, je voyais, comme au ralenti, la pomme le dépasser et le rattraper au-dessus de sa gueule, et lui, freinant sa course, bondir à plusieurs dizaines de centimètres du sol pour la rattraper, se contorsionnant dans les airs dans une figure digne d'un dragon.
C'était l'un de ses surnoms : "Dracocha", qui signifie petit dragon. Et son haleine fétide, malgré un régime essentiellement composé de pommes chassées lors de nos virées, avait l'odeur du foie gras.
04 janvier 2021
So I asked him how he became this man
Forgive me, Hera
I cannot stay
He cut out my tongue
There is nothing to save
Love me, oh Lord
He threw me away
He laughed at my sins
In his arms, I must stay
He wrote
I am broke
Please send for me
But I am broken too
And spoken for
Do not tempt me
Her skin is white
And I'm light as the sun
So holy light shines
On the things you have done
So I asked him how he became this man
How did he learn to hold fruit in his hands?
And where is the lamb that gave you your name?
He had to leave, though I begged him to stay
Left me alone when I needed the light
Fell to my knees and I wept for my life
If he had've stayed, you might understand
If he had've stayed, you never would have taken my hand
He wrote
I'm low
Please send for me
But I am broken too
And spoken for
Do not tempt me
And where is the lamb that gave you your name?
He had to leave, though I begged him to stay
Begged him to stay in my cold wooden grip
Begged him to stay by the light of this ship
Me fighting him, fighting light, fighting dawn
And the waves came and stole him and took him to war
He wrote
I'm broke
Please send for me
But I am broken too
And spoken for
Do not tempt me
Forgive me, Hera
I cannot stay
Cut out my tongue
There is nothing to save
Love me, oh Lord
He threw me away
He laughed at my sins
In his arms, I must stay
We write
That's alright
I miss his smell
We speak when spoken to
And that suits us well
That suits us well
That suits me well