19 septembre 2020

Rythmes.

Tout débuta
Dans l'arythmie
Le chaos

Des vents erratiques
S'emparaient de l'univers
L'intempérie régna

L'indéchiffrable détonation
Fut notre prologue


– Andrée Chedid

18 septembre 2020

Gravure.

Tu es partout,
dans tous les interstices, derrière chaque fenêtre de navigation, entre chacun de mes soupirs, caché dans chaque tournure de phrase, grinçant entre les phalange et s'écoulant de mes paupières,
même les nuits où je sens que ça va passer.

13 septembre 2020

Une bouteille à la mer.

Quel comportement doit-on avoir face à la personne qu'on aime et qui vous quitte lors d'une soirée en vous disant littéralement que vous êtes "inutile" et "fuck you", alors que vous venez de lui dire "je t'aime" ?

11 septembre 2020

Balades urbaines

- Hé, il reste plein de temps dans nos vies dès demain, on en fait plein de choses ?

09 septembre 2020

Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué.

 Je dis des gros mots si je veux, on vit en république, Gilbert, m'a dit Jessica.
 Je m'appelle pas Gilbert, j'ai dit, je m'appelle Gulp! (Je sais pas pourquoi j'ai dit ça.)
   Et puis on est allé aux alligators qui sont mes bêtes favorites depuis que j'ai failli en avoir un à Miami en Floride quand on y était parce que là y les vendent dans des boites en carton. Des bébés. Au zoo y z'étaient sur une île entourée d'une fosse et puis y avait un peu d'herbe et une chaîne. Pas de cage. Je les ai regardés. J'ai un alligator à la maison, il s'appelle Allie. Il est mort, je l'ai eu à l'aérodrome. Il est empaillé.) Y souriaient tous. Alors j'ai sauté par-dessus la chaîne et j'ai marché sur l'herbe pour aller me pencher par dessus la fosse et j'ai dit : 
 Salut, les alligators ! 
   Y en avait cinq. Y dormaient tous et y en avait un qui avait la bouche grande ouverte sans bouger. Et puis j'ai entendu toutes les classes hurler. Je m'a retourné et j'ai vu Mlle Iris qui courait dans tous les sens. Et Shrubs lui a dit :
 Tout va bien, mademoiselle, je crois qu'y les connait.
   Mais Mlle Iris s'est mise à gueuler :
 Reviens ici tout de suite, Gilbert, tu m'entends, sinon tu vas avoir affaire à moi !
 Il ne s'appelle pas Gilbert, il s'appelle Gulp!
   J'ai entendu quelqu'un dire ça dans mon dos et je m'ai tourné de nouveau; c'était Jessica qui était près de moi.
 Tu ferais mieux de sortir tout de suite, je lui ai dit. Y vont te tuer et te bouffer, Jessica, c'est pas tes amis.
 Je vais me présenter, qu'elle a dit.
   Le vent soulevait un tout petit peu sa robe et on voyait ses chaussettes qui montaient aux genoux. Et un des alligators a fait comme un coup de fouet avec sa queue.
 Je m'appelle Jessica Renton, elle lui a dit.
 Y comprennent pas, j'ai dit moi.
 Ça doit être des alligators espagnols. Une fois j'ai vu un dessin animé où Popeye donnait un coup de poing à un alligator et il l'envoyait en l'air et quand il retombait c'était des sacs et des valises.
 Et alors ?
 Alors rien, elle a dit.
   Et elle s'est mise à marcher vers les alligators. Je l'ai attrapée par le bras.
 Viens, on s'en va.
   Les élèves criaient encore plus fort. Mlle Iris se mordait la main et elle faisait des signes à un monsieur du zoo.
 Jessica, j'ai dit.
 Je m'appelle pas Jessica.
 Comment tu t'appelles ?
 Contessa. C'est mon papa qui m'appelle comme ça. Mais toi tu ne peux pas.
   Elle s'est encore approchée des alligators et y en a un qui a commencé à se retourner.
 Buenas dias, cocodrillo, a dit Jessica.

Howard Buten - Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué

03 septembre 2020

Débutante.

Chacun de ces soir, je rentre chez moi en me disant : je vais commencer maintenant.

Je ne sais pas quand c'est, mais ça va être bientôt.

Bons baisers.

02 septembre 2020

Vil.

C'est éprouvant, de te voir chaque jour un peu plus te décharner de ton aura. D'être si méchant, si borné, si rancunier, si en colère. D'entendre ces reproches, qui n'ont pas lieu d'être car je ne t'ai jamais trahi, et parce que - surtout - je ne t'appartiens plus. 

Je te supporte t'engouffrer dans ton triste et solitaire naufrage et tu me jettes des mots aussi lourds que des pierres, peut-être pour, inconsciemment, m’entraîner avec toi. Je t'ai demandé : arrête de m'écrire, cesse de balancer ta rancune via un clavier, parle moi véritablement, avec ta bouche et ton coeur. Viens me regarder dans les yeux et me ressentir en me parlant. Quand tu es seul face à ta haine - contre moi, contre toi-même -, tu ne ressens qu'elle. Et tu crois que je suis dedans, que j'en suis la créatrice. Combien de fois me suis-je déplacée, en taxi, à pieds, en escaladant des barrières, en défonçant ta porte, pour te montrer ce que cela fait véritablement quand je suis là ? Combien de fois t'ais-je apaisé dans mes bras et avec mes baisers ? Combien de fois m'as-tu répété "tu as raison Polina" ? 

Tu vis avec tes démons, et moi je pleure tous les jours, dès le matin. Car chaque nuit tu hantes mes rêves et nous y sommes heureux, ou du moins ensemble. J'ai tellement mis de rage dans notre amour, j'ai tellement intégré que tu sera celui qui sera toujours là pour moi, jusqu'aux dernières semaines, même après les abandons, les moqueries, les insultes, tout ce qui dépasse la décence et le respect. Je crois toujours tellement fort que tu as eu tort. Que tu es en tort. Que c'est moi qui ai raison, d'avoir fait tout ça, de t'avoir pardonné, attendu, apaisé, câliné, serré si fort...


J'ai dû te bloquer. Car je t'ai demandé de ne pas m'écrire, car je t'ai dit que cela me faisait trop mal, et tu a été incapable de l'entendre. Tout comme tu es incapable de sortir des mots de ta bouche lorsque je suis en face de toi. Tu sais, j'ai envie de te voir, pourtant. J'ai envie de te voir sobre, les yeux et les oreilles grands ouverts. J'ai envie de te dire, encore et encore, ce que tu as décidé de perdre. Ce que tu n'as plus le droit de faire. Ce qui n'arrivera plus par ta seule décision.

Tu vas faire quoi désormais, avec tous ces fantastiques reproches que tu me fais ? Tu vas me haïr en silence, de t'avoir convaincu de rester avec moi six mois de plus ? Tu vas t'enivrer et écouter tard le soir, seul, les musiques qu'on écoutait ensemble ? Tu vas parfois m'envoyer des déclarations d'amour ou des messages de désespoir sur les réseaux sociaux où je ne t'ai pas bloqué ? Tu vas baiser des femmes en espérant que j'en baise pas autant que toi ? Tu vas déconstruire et gaspiller toute cette force que tu avais mis à m'aimer dans le fait de me dénigrer ? C'est si moche... Tu étais une si belle personne, pourquoi t'évertues-tu à devenir celui que je ne voudrais plus jamais aimer ? Le monde n'en sera que pire. Mon monde ne sera que plus triste sans ton sourire... 

Pourquoi cherches-tu à évincer toutes les personnes qui t'aiment de ton existence ?