22 mai 2022

Culture.

Il y a un jardin sous mes pieds,
Il faut faire attention quand je marche : mettre les pieds aux bon endroits - il n'y en a pas de mauvais. Mais sous certaines herbes, l'herbe est plus verte qu'ailleurs. Je piétine les feuilles mortes, j'évite les racines, je trébuche souvent mais je tombe sans entorse. Les picots des mûriers m'éraflent sans embûche, je traine un peu dans les orties car j'aime bien quand sa pique, tant que je ne tombe pas dans les pommes en cisaillant du persil c'est que tout va bien... ?
Il y a un jardin sous mes pieds, et parfois c'est l'automne et ça crisse d'oranger, crise de la trentaine sous mes docs. Les pâquerettes s'effeuillent comme les paquets de cigarettes. Je patauge un peu quand il a plu, dans la boue, mais toujours debout, et si j'ai envie je glisse ailleurs, et les iris fleurissent sur les mottes d'horreurs. Il y a d'autres fleurs : les roses bourgeonnent entre les orteils, entre les oreilles, c'est le solstice d'été chaque veille de dimanche, et à l'ombre des ormes je retrousse les manches.
J'ai un jardin sous mes pieds, et des milliers de brins d'herbe, me servent à tapisser les heures de la vie. Plus besoin d'un toit pour mon monde : je me balade à mon aise, et il pleut parfois :
- ça rafraîchit les idées,
- et ça arrose le jardin.