26 avril 2016

Nez

Les odeurs. Elles sont toujours là ! ("Horreur" à voulu me proposer mon correcteur orthographique !). Mon affreuse protubérance est une navette qui amène toutes les minuscules particules du visible et de l'immatériel jusqu'au dessus de ma nuque, où elles s'entassent par couches branlantes de douleur.
Tout y passe : en premier lieu les parfums, tous, ceux pour les gonzesses autant que ceux pour les chiottes. Ces odeurs là rebondissent telle un balle de ping ping entre mon oreille droite et mon oreille gauche. La cigarette ensuite : celle-ci me fait penser aux autres humains à deux pattes qui m'entourent, à la bière que je partage avec eux, aux chaises de terrasses alignées face au spectacle déambulatoire des grands boulevards. Elle remonte plus haut, vers le sommet, se niche dans la calotte crânienne.
Moindres de conséquences, d'autres nauséabonderies me retournent la cervelle : l'âpreté du métro, la salive des gens qui parlent, l'humidité incrustée dans les tissus - surtout elle ! -, les nourrissons fatigués, le terreau frais de fumier, la merde, les coquelicots, les coccinelles. Je déteste. Mes papilles nasales ne tolèrent pas le dérangement, pas même la présence.
Ma tête est un terrain de rugby lorsqu'une pièce est remplie de rumeurs de brumisateurs d'ambiance ou de chips tex-mex.
Ma tête est un terrain de rugby, en fin de match et je suis en train de perdre.