27 juin 2021

Noces de muguet.

Te retrouver, te sourire, te parler, te regarder, toi et ta peau bronzée. Te serrer dans mes bras.
On a tellement grandi, Jude. Mais nous sommes toujours aussi beaux. Restons le cent ans encore. Je nous aime tendrement. 

25 juin 2021

Questions existentielle.

- Tu ferais quoi par amour ?

- je fermerais les yeux. Sur la fatigue. Sur le travail. Sur les copains. Sur le port de la Rochelle. Sur les mensonges. Sur les tromperies. Sur la douleur. Sur la peur. Sur l'égo. Sur ton dos. Sur demain. Sur la pauvreté. Sur les projets. Sur l'échec. Sur l'addiction. Sur le GR 20. Sur le bout des lèvres. Sûrement, mais lentement. Surtout pas.

22 juin 2021

My tribe is bleeding.

« Je suis un mec lambda. J'ai 31ans, suis ingénieur depuis bientôt 10ans. J'ai fait des études, j'ai obtenu mon bac avec mention. J'ai un poste de cadre,  je paie mes impôts, je fais des heures sup, je paye mon loyer, je vais au supermarché faire mes courses, je paye mes factures d'eau, d'électricité, je cotise, je vais voter. Pendant la semaine, je suis vu comme un citoyen modèle qui participe activement à la vie en société.

Mais quand le samedi soir arrive, je deviens leur "punk a chien", leur "déchet", leur "dégénéré", je fais partie de ce "ramassis de drogués et d'alcooliques" qui fait tant couler l'encre des journaux ces temps-ci. Je pourrais être ton fils, ta fille, ta cousine, ton neveu, ton voisin, je fais partie de ce mouvement aussi vieux que moi. Je suis Teufeur.

Le samedi soir je ne vais pas dans ce club ou tout le monde va. Où on te demande d'être bien sapé, bien coiffé, bien rangé, ou on te taxe de 10€ le droit d'entrer, où on te racket encore 10 balles pour un verre de bière coupé à l'eau. Je préfère aller dans un champ, dans un bout de forêt où dans une friche industrielle assister à un spectacle de son et lumière éphémère qu'une poignée de jeunes s'est cassé la tête pendant des mois à mettre sur pied bénévolement. Je préfère écouter un son qui me met en transe, qui me donne envie de tasser la terre sous mes pieds plutôt que les "tubes de l'été" aseptisés que fait passer en boucle le DJ du club. Je préfère me retrouver assis dans l'herbe, au petit matin, à m'émerveiller avec mes potes devant les paysages des Monts d'Arrée plutôt que d'attendre la fermeture de la boîte pour me faire jeter par le videur et assister hagard, à la parade des mecs bourrés. Je préfère rester dormir sur place dans mon camion plutôt que de prendre le volant ou de payer un taxi pour rentrer chez moi a 6h du mat'.

Enfin je fais partie, comme toi, de tous ces gens qui étouffent et qui ne vivent plus depuis bientôt un an et demi. Mais je n'aime pas le foot, alors je dois rester chez moi. Pas le droit de retrouver mes potes, pas le droit d'écouter ma Tekno. Alors oui je suis comme toi qui brave le couvre feu pour rentrer de chez tes amis, comme toi qui quitte Paname pour aller t'aérer en Bretagne malgré le confinement et même comme toi le ministre hypocrite qui participe a ses dîners mondains organisé par ses relations bourgeoises au dessus des lois. On a tous fraudé d'une manière ou d'une autre ces temps-ci. Face à de telles mesures liberticides, plus personne n'est innocent.

Ce weekend j'ai vu des images où mes semblables, des citoyens modèles comme moi, dégénérés a leurs heures perdues, se font matraquer, gazer, voler, mutiler. J'ai vu les hordes Macronistes brandir leurs marteaux, frapper les platines et faire tomber les murs de son dans l'illégalité la plus totale. Et je me rappelle des gros titres lors des émeutes à Hong Kong. Où les manifestants pro démocratie recevaient les louanges des médias français pour leur courage face à la tyrannie du pouvoir en place. Mais lorsque la tyrannie s'invite chez nous là, silence. C'est de la tyrannie "soft", de la tyrannie autorisée, sponsorisée par nos impôts. 

Le déchaînement de violence à l'encontre de notre mouvement ce weekend ne changera rien à mes habitudes. Demain je continuerai d'aller en teuf. Je continuerai de descendre dans la rue, de recouvrir les affiches du FN (pardon, du RN, c'est plus fédérateur, ça plaît plus aux jeunes à ce qu'il paraît) de messages antifascistes et libertaires et je continuerai de questionner l'ordre établi, de contourner les lois pour respirer, pour oublier mon quotidien morose, pour raver.

Un jour je partirai, mais d'autres prendront ma place. Ils n'aimeront peut être pas la Tekno, n'iront peut être pas dans les champs mais ils seront là pour défendre nos valeurs. Je souris en pensant qu'il y aura toujours quelqu'un pour mettre un caillou dans la botte du Pouvoir. Car si tout le monde rentrait dans le moule, si tout le monde marchait en rangs, la société serait stérile. Il n'y aurait pas de Rock, c'est la musique du diable. Il n'y aurait pas de Rap, c'est la musique des gangsters, pas de Reggae c'est pour les fumeurs de joints et pas de Tekno c'est pour les punks a chiens.

Donc ce weekend on a pris des coups, on a un genoux a terre mais on se relèvera pour faire ce que l'on fait de mieux : taper du pied.

Et si nos kicks arrêtent un jour de faire vibrer les campagnes, on gardera en nous la fierté d'avoir participé aux derniers souffles de liberté d'un pays en train de crever.

1312. Rave On. »

Kévin B.

19 juin 2021

De la tendresse.

Sentir l'humidité, y glisser ses doigts,
Le long des courbes de ses fesses,
Contourner les grains de beauté,
Ouvrir grand la bouche,
S'enfouir sous ses bras,
Griffer les omoplates,
Manger sa peau, 
Refaire l'amour
Gémir encore
Son prénom
Au matin.

16 juin 2021

Volage.

Beaucoup de soupe
Un peu de bière 
Ou le contraire

La trentaine de degrés qui zieute sous ma robe
L'eau de la Seine qui floute mon interminable semaine
Les boucles d'Ozzy au vent qui me tendent des pétards

C'est l'été que je sens entre mes cuisses
C'est la fatigue que je cache sous mes lunettes
C'est l'impatience que je noie dans mes soirées improvisées

J'attends du vent
J'attends une rafale
Une rafale d'amour

J'ai besoin de planer.

14 juin 2021

Entre les gouttes.

C'est l'artifice des petits gouttes, ce sourire, l'euphorie, les gueules de bois. Je suis seule ce soir et les rivières salées reprennent la voie de leur sillons, bien creusés dans mes pommettes. Mon médecin m'a de nouveau prescrit du laroxyl parce que l'insomnie et les cauchemars m'arrachent la tête. Parce qu'il n'y a qu'une seule et unique pensée qui hante mon crâne quand je suis dans mon carré de béton, parce que ça me rend folle, j'ai des mots sur les lèvres qui se répètent en boucle depuis des heures, chaque soir de solitude, depuis des mois, depuis une année et demi. Je fais des bulles avec ma salive et dans chacun d'elles il y a un chagrin que je voudrais crier et qui me ripe le cœur.
C'est l'alchimie des gouttes, tout ça.

12 juin 2021

L'intimité.

Je ne sais pas pourquoi. Pourquoi ça me rend aussi heureuse et aussi forte. Pourquoi j'ai le coeur qui bat à mille à l'heure. C'était peut-être l'après-midi la plus folle de toute ma vie, je préfère me rappeler de cette date. Il y avait la vue sur la tour Eiffel, sur nos vulves, sur les dizaines d'autres. Sur le bien-être, sur la cuisine minuscule, avec FIP radio en fond sonore, les fraises qui poussent timidement au soleil et les cris des manifestants, très bas, dehors. Il y avait la fête sur nos sourires. J'ai mal aux zygomatiques, de bonheur, de hardiesse, de persévérance. J'ai mal aux cuisses et aux mollets d'avoir été assise siliconée tout à l'heure, d'avoir dansé collée à des fesses d'hommes hier soir, d'avoir joui fort seule dans mon lit la nuit dernière, d'avoir cru que ça pourrait recommencer. D'y croire encore. D'envoyer mon bonheur nu à ceux qui en donnent. De crier fort ce que j'aime ; de rire dans la bonne direction, de prendre les mains les plus douces pour m'aider à avancer. Ne pas avoir peur de la peur, de la douleur, de la détresse, de ma dépression. On danse ensemble, elle et moi, et je titube encore sur mes chagrins comme sur mes orgasmes et parfois on se fait mal aux orteils et parfois on s'emplâtre de joie jusqu'à ne plus devenir ivre, tellement on est rempli de vivant.

11 juin 2021

Quand on sera morts.

Je dormirai si peu cette nuit, mais j'ai ce soir mangé du coq au vin, des framboises à la louche et du piment au pamplemousse. Sur la terrasse poussaient des radis, un marronier, et du cannabis, et le soleil paraissait se coucher des deux côtés à la fois. Le rire des gens fait circuler mon sang plus vite, fige mon sourire et détend les connexions neuronales qui glitchent sur la même chose en boucle depuis des semaines.
Il y a mille couleurs, dans cet appartement, mille personnes différentes y passent à chaque fois, il s'y trouve mille bouteilles d'alcools divers et cela fait un milliard de manière d'oublier
Tout, et la
Fatigue.

05 juin 2021

Mémo.

« Le bonheur c'est pas des choses qui vont ou des choses qui ne vont pas,
c'est de vivre avec le présent.
Et on s'en fout de demain. »

04 juin 2021

Archives.

C'est difficile.
Prendre son téléphone.
Effacer les souvenirs.
Ravaler ses croyances.
Raturer les moments de bonheurs.
Se souvenir que le jour où a été prise telle photo, j'étais en train d'attendre de ses nouvelles, tandis qu'il s'enivrait ou pire : s'enivrait d'une autre.
Ravaler sa fierté.
Oublier sa valeur. Sa propre valeur.

J'ai oublié, moi, la sérénité qu'apporte sa peau. J'ai des frissons de peine. 
Je pleure de l'intérieur, maintenant : je sens mes larmes dégouliner le long des parois internes de mon corps, éroder ma gorge, éclabousser mes poumons, inonder mon ventre, faire fléchir mes genoux.
Je ne sais comment user tour ce temps, tout cet air, tout ce calme, tout ce plat. Je n'ai pas faim, j'ai pas envie de croquer la vie la pleines dents, je me sens déjà grossie des lourds cailloux que j'ai gobé à chacune des disputes. À chaque rendez-vous manqué. À chaque silence, à chaque mensonge, à chaque syllabe qui m'a fait espérer en vain.

Moi, je prends la pleine mesure chaque jour des bosses, des creux qu'il m'a laissée. Je me sens décharnée dès qu'il faut arrêter de faire la comédie, dès qu'il n'y a plus personne, dès que je suis là, toute seule, devant le gouffre de souvenirs vaseux qui se relient chaque jour qui passe à un nouveau mensonge.

Alors je pleure devant une photo de cactus, que j'ai dû t'envoyer au printemps dernier et à laquelle tu n'as pas répondu car tu m'aimais déjà si mal.