04 juin 2021

Archives.

C'est difficile.
Prendre son téléphone.
Effacer les souvenirs.
Ravaler ses croyances.
Raturer les moments de bonheurs.
Se souvenir que le jour où a été prise telle photo, j'étais en train d'attendre de ses nouvelles, tandis qu'il s'enivrait ou pire : s'enivrait d'une autre.
Ravaler sa fierté.
Oublier sa valeur. Sa propre valeur.

J'ai oublié, moi, la sérénité qu'apporte sa peau. J'ai des frissons de peine. 
Je pleure de l'intérieur, maintenant : je sens mes larmes dégouliner le long des parois internes de mon corps, éroder ma gorge, éclabousser mes poumons, inonder mon ventre, faire fléchir mes genoux.
Je ne sais comment user tour ce temps, tout cet air, tout ce calme, tout ce plat. Je n'ai pas faim, j'ai pas envie de croquer la vie la pleines dents, je me sens déjà grossie des lourds cailloux que j'ai gobé à chacune des disputes. À chaque rendez-vous manqué. À chaque silence, à chaque mensonge, à chaque syllabe qui m'a fait espérer en vain.

Moi, je prends la pleine mesure chaque jour des bosses, des creux qu'il m'a laissée. Je me sens décharnée dès qu'il faut arrêter de faire la comédie, dès qu'il n'y a plus personne, dès que je suis là, toute seule, devant le gouffre de souvenirs vaseux qui se relient chaque jour qui passe à un nouveau mensonge.

Alors je pleure devant une photo de cactus, que j'ai dû t'envoyer au printemps dernier et à laquelle tu n'as pas répondu car tu m'aimais déjà si mal.