26 juin 2022

L'essai.

Ça a été l'ouragan et ça n'a pas fait si mal aux côtes. La tempête m'a brulé tout l'oesophage, à saturé tous les canaux respiratoires, a rouillé l'engrenage dans le coeur, a fait siffler les oreilles jusqu'à en perdre l'équilibre. Souvent je n'entends pas le danger ; c'est rare que je le présente autant, aussi distinctement alors qu'il n'a pas déboulé. J'ai gaché une après-midi à redouter la présence de quelqu'un qui a gaché une année d'estime de moi. Ça n'a rien fait de ce que je pensais. J'ai embrassé les joues qui l'ont frolé, j'ai ri avec les bouches qui l'on salué, j'ai fumé avec les yeux qui l'ont regardé et puis j'ai juste eu horriblement peur. J'ai juste eu peur de vomir à voir sa tête rouge, son crâne dégarni et ses rangées de dents saillantes comme celles des mauvais déguisements de vampire. J'ai eu peur de me confronter aux points noirs de ses joues, à un de ses t-shirt noirs délavés sous les aisselles, à son sac marron de lycéen raté qui erre sur son dos faute de porter un bon présage. Certaines personnes ont peur des vers de terre, des corbeaux, des araignées. Moi j'ai juste peur que mes pupilles s'écorchent sur son torse flétri avec mon prénom gravé dans un cyrillique enfantin - une preuve d'amour froissée dans l'œuf par sa mégalomanie. Une caricature d'audace que je me serais bien gardée d'admirer.

Heureusement, j'aime, depuis sa disparition, tous les instants de mon éreintante existence. Il faut changer de chaussures quand on a des ampoules. Et j'ai trente paires dans mon armoire.