02 septembre 2020

Vil.

C'est éprouvant, de te voir chaque jour un peu plus te décharner de ton aura. D'être si méchant, si borné, si rancunier, si en colère. D'entendre ces reproches, qui n'ont pas lieu d'être car je ne t'ai jamais trahi, et parce que - surtout - je ne t'appartiens plus. 

Je te supporte t'engouffrer dans ton triste et solitaire naufrage et tu me jettes des mots aussi lourds que des pierres, peut-être pour, inconsciemment, m’entraîner avec toi. Je t'ai demandé : arrête de m'écrire, cesse de balancer ta rancune via un clavier, parle moi véritablement, avec ta bouche et ton coeur. Viens me regarder dans les yeux et me ressentir en me parlant. Quand tu es seul face à ta haine - contre moi, contre toi-même -, tu ne ressens qu'elle. Et tu crois que je suis dedans, que j'en suis la créatrice. Combien de fois me suis-je déplacée, en taxi, à pieds, en escaladant des barrières, en défonçant ta porte, pour te montrer ce que cela fait véritablement quand je suis là ? Combien de fois t'ais-je apaisé dans mes bras et avec mes baisers ? Combien de fois m'as-tu répété "tu as raison Polina" ? 

Tu vis avec tes démons, et moi je pleure tous les jours, dès le matin. Car chaque nuit tu hantes mes rêves et nous y sommes heureux, ou du moins ensemble. J'ai tellement mis de rage dans notre amour, j'ai tellement intégré que tu sera celui qui sera toujours là pour moi, jusqu'aux dernières semaines, même après les abandons, les moqueries, les insultes, tout ce qui dépasse la décence et le respect. Je crois toujours tellement fort que tu as eu tort. Que tu es en tort. Que c'est moi qui ai raison, d'avoir fait tout ça, de t'avoir pardonné, attendu, apaisé, câliné, serré si fort...


J'ai dû te bloquer. Car je t'ai demandé de ne pas m'écrire, car je t'ai dit que cela me faisait trop mal, et tu a été incapable de l'entendre. Tout comme tu es incapable de sortir des mots de ta bouche lorsque je suis en face de toi. Tu sais, j'ai envie de te voir, pourtant. J'ai envie de te voir sobre, les yeux et les oreilles grands ouverts. J'ai envie de te dire, encore et encore, ce que tu as décidé de perdre. Ce que tu n'as plus le droit de faire. Ce qui n'arrivera plus par ta seule décision.

Tu vas faire quoi désormais, avec tous ces fantastiques reproches que tu me fais ? Tu vas me haïr en silence, de t'avoir convaincu de rester avec moi six mois de plus ? Tu vas t'enivrer et écouter tard le soir, seul, les musiques qu'on écoutait ensemble ? Tu vas parfois m'envoyer des déclarations d'amour ou des messages de désespoir sur les réseaux sociaux où je ne t'ai pas bloqué ? Tu vas baiser des femmes en espérant que j'en baise pas autant que toi ? Tu vas déconstruire et gaspiller toute cette force que tu avais mis à m'aimer dans le fait de me dénigrer ? C'est si moche... Tu étais une si belle personne, pourquoi t'évertues-tu à devenir celui que je ne voudrais plus jamais aimer ? Le monde n'en sera que pire. Mon monde ne sera que plus triste sans ton sourire... 

Pourquoi cherches-tu à évincer toutes les personnes qui t'aiment de ton existence ?