27 janvier 2020

Haïku dansant.

Des choses vont et viennent et me font valser.
J'oublie d'écouter la musique et les applaudissements.
Le public est là.

19 janvier 2020

Un pas après l'autre.

Ton dernier message m'a fait bourgeonner le coeur et a par endroits dissout les fissures qui ont été si brûlantes hier, même s'il y en a encore.
L'amour, le couple, c'est un million de sentiments différents, difficiles, incompatibles, volatiles qui s'entrechoquent jour après jours et se mêlent pour former un tronc de plus en plus épais duquel sortent les branches de nos souvenirs : les bons, les merveilleux, mais aussi les fades, les lourds, les mauvais. J'en ai des milliers, pour toi, des sentiments. Cela a pris du temps, et parfois, il y en avait plus de gris et de désagréables que de plaisants. C'est parfois moins vallonné, plus plat que lorsqu'on danse comme des effrénés ou qu'on part en vacances. C'est parfois désolant de voir que la fatigue et le stress prennent le pas sur les émotions, les sentiments. On ne donne et ne demande pas pareil d'une saison à l'autre. Parfois on ne ressent pas grand chose de beau, parfois on a juste de la nostalgie et de la peine. Cela ralentit la croissance, mais n'assèche pas les branches.
Je ressens ta fatigue, ta routine et ta lastitude, je ressens ta peur de ne plus pouvoir avancer et grandir. Mais je ressens aussi que nous pouvons, j'en ai la force et l'espoir et je souhaite te les transmettre. 
Tu me fais l'amour comme à la femme que tu aimes, tu m'enlaces dans tes grands bras comme ta moitié. Nous sommes en hiver, il fait froid jusque dans nos coeurs et nos envies mais ce n'est pas en hiver que les arbres grandissent. Laisse nous le soleil, laisse nous le temps de respirer, de se revigorer, de prendre appui, de s'écouter et se sourire. On ne coupe pas un arbre lorsque ses feuilles tombent. On attend le printemps pour voir comment il s'épanouit. 

16 janvier 2020

Absence.

C'est difficile, un début de naufrage.
Je rame dans le banc de sable de plus en plus fort en sachant que je creuse doucement ce qui sera notre dernière maison, un jour.
Quand ça ?
Quand tu ne prendras même plus la peine d'écrire un moi aussi ou un oui à mes larmoyants messages, quand me voir suffoquer de pleurs te fera l'effet d'une bruine hivernale - rien de bien grave.
J'ai pleuré autant depuis deux semaines que quand je me suis séparée de mon premier amour. Peut-être mes yeux préméditent avant mon coeur ?
J'ai envie tous les matins d'exploser mon smartphone avec une grosse pierre car lorsque je le regarde il n'y a pas eu signe de toi la veille, il n'y a pas eu signe de toi ce matin, alors que tu es bel et bien connecté et que tu commentes sur les réseaux sociaux les statuts amusants de tes amis. Et moi, je n'ai pas le droit à un bonjour, parfois à un je me recouche, et quand tu te relèves je ne suis toujours pas dans ton champ de mire.

Je suis ta belle plante. Mais tu oublies de plus en plus souvent de m'arroser et je jaunis, je jaunis de chagrin. J'oublie ce qu'est un rire complice, j'oublie ce que c'est quand tu me prends, j'oublie la chaleur de ton corps ; lieu de ça je mate du porno, je dors dans les vêtements que je porte la journée et je fais semblant de rire aux blagues nazes de mes collègues.
J'ai tant voulu quitter ce job et maintenant que j'y suis j'ai presque peur : puisque je ne fais plus partie de ta vie, que vais-je faire, sans travail, sans amour ? Vais-je continuer à pourrir, à sécher comme une vieille branche ?
J'ai repris la pole dance, je vais manger chez des copains, je me suis remise à l'anglais, mais ce qui m'intéresse c'est la fin de mon cours ou la fin de ma soirée pour voir sur mon téléphone si tu as pensé à moi.
Et le verdict est sans appel.
Non.

Je hais tout en ce moment. Je hais la manif, je hais la bière, je hais mon job, je hais mes plantes, je hais ma couette, je hais mon corps, je hais bouffer, je hais respirer, je hais ton absence.
Je vais finir par te haïr toi avec tout ça, si tu me manifestes aussi peu d'attention.

Je t'aime beaucoup, beaucoup trop.
Je ne sais que faire pour calmer un petit peu cet amour. Mes bourrasques émotives font de moi l'ombre d'un humain. Je me sens détestable et détestée d'être si amoureuse, si triste à l'être.
Je ne suis, et tu n'es, après tout,que deux années de vie.
Il faut que je me maîtrise pour pas que ce soient mes deux dernières.
Il faut que je me résigne à faire attention à moi toute seule, puisque tu n'es pas en mesure de le faire. Car sinon le naufrage va être si profond que n'arriverai pas à émerger à la surface.

10 janvier 2020

Binaires.

Certaines choses n'ont pas de faim. N'ont jamais eu de début. Elles ont glissé comme les vagues sur le sable moîte, marron et mou d'une plage qu'on ne prend en photo que par dépit. Elles ont la consistance d'un crissement  de pas, indécis, qui se glisse par mégarde vers les grises minutes du futur.
Je n'ai pas de nom. Pour ces mille choses qui passent comme des flèches d'acier par ma carcasse de granite. Cuillèrées de vapes d'amours belles qui s'enlacent dans les frayeurs des gens que je ne reconaitrai plus, sitôt.
Je n'aurai pas de nom. Pour mes enfants ; pour mes avortons. L'amour que je porte est trop lourd pour être écrit par les cils des gens. 
Je n'ai pas de souvenirs. Tu t'appelles comme la Terre mais j'oublie ta chaleur chaque instant comme un faux souvenir. Caresse mon dos, caresse ma douleur, je crie d'angoisse quand tu te tais je crvasse quand tu t'écraies. 

Balivernes, jubilées : baisers frais au soleil de midi avant le coucher.

06 janvier 2020

Injustices.

C'est la première amie qui me parlait des enfants comme d'un avenir certain pour elle, comme d'un futur paisible et riche, comme d'une caresse d'amour, comme d'une aventure sans fin et d'un accomplissement.
Sa voix de velours est tellement ronde que parfois elle n'atteignait pas mes tympans et je lui demandais de répéter. Elle a des cheveux d'or et d'écorce et je ressens encore ses boucles vaillantes entre mes doigts, en cours d'espagnol. J'étais partie une semaine chez elle, a Aix-en-Provence, il y a cinq ans. On discutait des jours entiers en mangeant des tomates et en visitant des expos.
Elle a le sourire le plus enjoué et le plus apaisant que je connaisse, et la malice dans son regard a toujours suscité chez moi respect, plaisir et admiration.

Nous nous sommes vues la dernière fois à Paris, en 2016. On a ri sur l'île Saint-Louis en mangeant des glaces.

Depuis, Sh a déménagé au Mexique, s'est mariée et elle vient avoir un bébé. Son accouchement par césarienne lui a provoque une infection qui a nécessité trois opérations sont une ablation de l'utérus. Elle n'aura plus jamais d'enfants, à part la petite Nour qu'elle vient de mettre au monde.

Je ressens une peine infinie et une vive douleur depuis cette annonce, et je prie l'univers de lui donner de la force et de la faire sourire jusqu'à ses 90 ans.
Pensées infinies pour sa santé, son enfant, ses cheveux, sa famille.