16 janvier 2020

Absence.

C'est difficile, un début de naufrage.
Je rame dans le banc de sable de plus en plus fort en sachant que je creuse doucement ce qui sera notre dernière maison, un jour.
Quand ça ?
Quand tu ne prendras même plus la peine d'écrire un moi aussi ou un oui à mes larmoyants messages, quand me voir suffoquer de pleurs te fera l'effet d'une bruine hivernale - rien de bien grave.
J'ai pleuré autant depuis deux semaines que quand je me suis séparée de mon premier amour. Peut-être mes yeux préméditent avant mon coeur ?
J'ai envie tous les matins d'exploser mon smartphone avec une grosse pierre car lorsque je le regarde il n'y a pas eu signe de toi la veille, il n'y a pas eu signe de toi ce matin, alors que tu es bel et bien connecté et que tu commentes sur les réseaux sociaux les statuts amusants de tes amis. Et moi, je n'ai pas le droit à un bonjour, parfois à un je me recouche, et quand tu te relèves je ne suis toujours pas dans ton champ de mire.

Je suis ta belle plante. Mais tu oublies de plus en plus souvent de m'arroser et je jaunis, je jaunis de chagrin. J'oublie ce qu'est un rire complice, j'oublie ce que c'est quand tu me prends, j'oublie la chaleur de ton corps ; lieu de ça je mate du porno, je dors dans les vêtements que je porte la journée et je fais semblant de rire aux blagues nazes de mes collègues.
J'ai tant voulu quitter ce job et maintenant que j'y suis j'ai presque peur : puisque je ne fais plus partie de ta vie, que vais-je faire, sans travail, sans amour ? Vais-je continuer à pourrir, à sécher comme une vieille branche ?
J'ai repris la pole dance, je vais manger chez des copains, je me suis remise à l'anglais, mais ce qui m'intéresse c'est la fin de mon cours ou la fin de ma soirée pour voir sur mon téléphone si tu as pensé à moi.
Et le verdict est sans appel.
Non.

Je hais tout en ce moment. Je hais la manif, je hais la bière, je hais mon job, je hais mes plantes, je hais ma couette, je hais mon corps, je hais bouffer, je hais respirer, je hais ton absence.
Je vais finir par te haïr toi avec tout ça, si tu me manifestes aussi peu d'attention.

Je t'aime beaucoup, beaucoup trop.
Je ne sais que faire pour calmer un petit peu cet amour. Mes bourrasques émotives font de moi l'ombre d'un humain. Je me sens détestable et détestée d'être si amoureuse, si triste à l'être.
Je ne suis, et tu n'es, après tout,que deux années de vie.
Il faut que je me maîtrise pour pas que ce soient mes deux dernières.
Il faut que je me résigne à faire attention à moi toute seule, puisque tu n'es pas en mesure de le faire. Car sinon le naufrage va être si profond que n'arriverai pas à émerger à la surface.