10 janvier 2020

Binaires.

Certaines choses n'ont pas de faim. N'ont jamais eu de début. Elles ont glissé comme les vagues sur le sable moîte, marron et mou d'une plage qu'on ne prend en photo que par dépit. Elles ont la consistance d'un crissement  de pas, indécis, qui se glisse par mégarde vers les grises minutes du futur.
Je n'ai pas de nom. Pour ces mille choses qui passent comme des flèches d'acier par ma carcasse de granite. Cuillèrées de vapes d'amours belles qui s'enlacent dans les frayeurs des gens que je ne reconaitrai plus, sitôt.
Je n'aurai pas de nom. Pour mes enfants ; pour mes avortons. L'amour que je porte est trop lourd pour être écrit par les cils des gens. 
Je n'ai pas de souvenirs. Tu t'appelles comme la Terre mais j'oublie ta chaleur chaque instant comme un faux souvenir. Caresse mon dos, caresse ma douleur, je crie d'angoisse quand tu te tais je crvasse quand tu t'écraies. 

Balivernes, jubilées : baisers frais au soleil de midi avant le coucher.