Moi, c'est pas de l'amour qui m'apporte.
Ce serait facile de tout résumer à ça mais : c'est la faute à papa. Je ne méritais pas d'être nommée la fille de la voisine. Tu n'avais pas à faire une crise d'hystérie à cause de ce non dit. C'était il y a trente ans et pourtant tu en pleures et j'en pleure aussi, cela veut dire que c'est grave, c'est grave pour nous, c'est grave pour nos repères. J'ai toujours éte ton barycentre, et tu n'as été que ma périphérie. Je ne t'aime pas comme tu veux, comme tu as besoin, comme il faut, comme il sied. Mais quand je dis je t'aime, je ne mens pas non plus, c'est de l'amour. C'est de l'amour gros qui ne m'egaye pas, qui ne m'offusque pas quand il s'en va, qui ne m'egratine pas quand il se distend. Toi tu flanches comme du vinyle au soleil, à coups de verres d'alcool, de soirées solitaires et de nuits blanches.
Je te méprise mais ne te juge pas. Tes positions me révoltent mais ton bien être m'est primordial. Au diable les conventions si tu souris sans être obligé d'être maintenu à trois gramme, mais si tu pipes un mot en travers de mes principes je te refourgue en bas de ma liste de contacts et tu seras là dernière personne que je verrai sur terre. C'est comme ça. On m'a imposé ton existence et si papier c'était festif et protecteur ; ça s'est révélé être matérialiste, malaisant, furtif et drôle quand même par moments. J'ai grandi avec la théorie mais pas assez de pratique. Tu sais pas y faire, tu m'achetais des carnets Diddl mais je voulais que tu m'expliques au creux de l'oreille d'où viennent tes addictions et combien tu as tué de gens au service militaire et ce que ça t'a fait au creux de l'estomac. T'étais trop fermé ou trop cynique, et maintenant t'es trop vieux et moi j'suis trop heureuse, on ne s'entend pas car ce que j'écoute s'écoule le long de mes canaux auditifs mais les canalisations de mon coeur sont impermeabilisées a tes reproches et tes supplications.
T'es là, puis t'es pas là. Et moi j'suis jamais la mais tu m'appelles toujours. Tu m'invites sans relâche, et je sais que je pourrais te demander sur un ton sérieux de tuer mon ex toxique et le mois prochain il y aurait sa nécrologie sur le statut Facebook d'un de mes potes. Et puis toi tu serais vide, toujours vide de moi. Car je m'evapore de ton monde dès que tu y approches ta main brûlante. Tu me fais peur et peine et tu me rebutés parfois. Et c'est quand tu pleures au resto en doudoune rouge quenjebme rappelle que t'es un peu humain, et que l'on humaine c'est moi, là, dans l'histoire.