07 avril 2024

Une farouche liberté

Quoi de plus normal que de s'approprier le corps des femmes ? N'a-t-il pas toujours été un butin, en temps de guerre, de paix, en vacances, au travail? La culture, l'édu- cation, la religion n'ont-elles pas sécrété, comme une normalité, la domination de l'homme sur la femme? Et le viol n'est-il pas, pour beaucoup, une drague un peu poussée ? C'est ce que pensait le policier de garde au palais de justice d'Aix lorsqu'il a lancé à la cantonade: « Eh! Matteo, tu fais l'amour et tu te retrouves aux assises. Tu te rends compte ? » Quelle misère ! Le viol d'une femme par un homme est un crime contre l'amour. Contre cet << instant d'infini >> dont parlait Cyrano. Mais pire encore: accompli dans un rapport de force physique, il exprime à la fois le mépris et la négation de l'identité de l'autre. C'est pour- quoi je dis qu'il ressemble furieusement à un acte de fascisme ordinaire.

Gisèle Halimi - une farouche liberté