Je repirais un coup.
Et j'avalais.
Il fallait tenir fort le bout de la cordelette avec ses doigts pour me pas tout engloutir. La boule descendait à grand peine dans ma gorge. Bloquait parfois au niveau du sternum, parfois je la sentais se dérouler plus bas. Il ne fallait pas bouger. Le jeu était de ne pas s'étouffer. De ne pas avaler de travers. De ne pas vomir. Et puis je la tirais doucement. Je sentais le tissu spongieux racler les parois de ma glotte, remonter à grand peine. Si je tirais plus fort c'était la quinte de toux et la nausée assurées. Si je ne tirais pas assez vite je manquais rapidement d'air. Cela pouvait durer plusieurs minutes. Je m'arrêtais a certains paliers de ma gorge pour sentir l'élément étranger dans mon corps, qui m'entrave et que j'enrobe. Je pousuivais jusqu'à ce que l'extrémité touche les amygdales, c'était désagréable et dangereux. Je pouvais vomir une bouffée de larmes à ce moment là. Et puis le bout de tissu ressortait de ma gorge, visqueux, décoloré, mortifié, et je souriais. J'étais pas morte. J'étais pas démasquée.
Je recommençais.