Des cumulonimbus de moelleux moments s'entassent de plus en plus nombreux entre mes sourcils et mon nombril. Je sens leur poids doux se répartir en moi et équilibrer mes mouvements, mes décisions, un peu comme des boucles d'oreilles lourdes incitent à redresser les épaules avec chaque mouvement de tête. Je sens la présence de souvenirs grands et multicolores combler des crevasses laissés il y a font longtemps par d'autres. Et ce qu'il y a de plus délicieu,, c'est que ce sont des souvenirs tricotés par mes propres petits doigts...
Il s'agit des milliers de kilometres parcourus en avion, en train, en bateau, en voiture, en bus, en baskets, des centaines de plats épicés, de jus de fruits frais, de poissons milticolores savourés par mon palais, des dizaines d'étages gravis pour voir des temples dans des grottes, des graffitis criards, des arbres immenses ou encore les plus hauts toits du monde. Les gens qui ne me regardent pas et qui me permettent de me regarder en face, les rues que je peux emprunter dans n'importe quel sens à n'importe quelle heure de mon cycle diurne, l'ombre bariolée qui ne protège pas ma peu des coups de soleils tropicaux laissée par les monsteras géantes poussant dans les parcs. Le plaisir de sentir le poids d'un livre dans son sac et de savoir qu'on peut décider de le lire à n'importe quel moment de la journée.
La satisfaction de cocher des petites cases, sur le téléphone ou dans ma tête, des choses à accomplir qui me rendent heureuse, sur une liste qui telle un accordéron, se rétrécit et se rallonge car j'apprends chaque semaine que des dizaines de nouvelles choses peuvent m'emballer le coeur, et que j'en suis l'unique décisionnaire.