25 septembre 2023

Museums.

J'aime les musées.

Moins les objets. Je préfère regarder leur sertissage. L'éclairage sur les murs. Détecter les infiltrations aux plafonds, m'apercevoir que deux expôts sont trop rapprochés, qu'il y a une coquille sur le cartel, que la pièce n'est pas parfaitement soclée, qu'il y a une disparité au niveau des volumes des objets, que le parcours chronologique n'est pas intuitif, que le parquet grince.

Je fatigue d'y lire les texte, je m'impatiente d'y suivre le fléchage, je m'ennuie d'y être assidue. Je me lasse du contenu, je n'ai d'yeux que pour le contenant. Cela m'importe, pour que vous passiez la meilleures des expériences possibles.

Le texte est-il assez grand pour que vous puissiez le lire assis dans un fauteur roulant ? La temérature des salles est-elle satisfaisante ? Y a-t-il une option vegan à la caféteria ? Est-ce que les numéros près des objets sont bien placés ? Votre enfant risque t-il de se cogner contre la rambarde qui encercle la sculpture ? Vous a-t-on bien expliqué les personnages représentés sur le tableau ? Les espaces fermés sont-ils bien mentionnés sur le plan ? Y a-t-il des assises dans les salles ? Une frise chronologique, un glossaire ?

Et puis... où sont les toilettes ?


J'aime tout et j'aime rien dans un musée. La clarté des salles du V&A museum m'a rendue amoureuse de la céramique, les textes d'une exposition viennoise sur Egon Shiele m'ont fait écarquiller les yeux de beauté devant ses peintures. L'intimisme des salles du musée Jacquemart-André m'a fait passer un moment de sensualité extrême avec Boticelli, devant lequel je suis pourtant restée de marbre à Rome. J'ai fui les Monet tant aimés du musée d'Orsay car la forme des salles les rendait indigestes, j'ai toujours baclé mes visites au centre Pompidou car je hais ses plafonds trop hauts et ses murs légèrement jaunis. Par contre, je divague durant des heures dans la chaleur de la Halle Saint Pierre, dont la salle du bas circulaire fait delicieusement perdre le sens de l'orientation. 


J'apprécie ces lieux comme des maisons, ils ont une énergie, une population, une douceur qui fait que je vais m'y sentir bien ou mal. Et mon peintre favori ou ma sculptrice chérie ne me retiendront jamais dans une expo aux cimaises mal agencées, aux circuits infinis, aux textes mal écrits. C'est comme lire une belle histoire dans un bouquin aux pages déchirées et qui sentent la moisissure. Plaisir amoindri.

Ce que je vois, c'est vos doigts pointés sur les détails mis en valeur par la lumière, vos yeux ébahis devant une explication claire, vos mains qui desengourdissent votre dos sur une banquette confortable. Les choses que je regarde vraiment dans un musée, c'est vous.