26 juillet 2022

La nuit l'été

Hier soir, durant de longues heures je ne parvenais pas à m'endormir. Je me suis alors penchée dans l'encadrement de la petite fenêtre et j'ai respire les senteurs de lavande et les bruits des grillons à pleins poumons. L'éternelle pensée m'a traversé l'esprit : l'envie de partager ça avec quelqu'un, quelqu'un de chaud et tendre collé contre moi.
Et puis j'ai chassé cette pensée de la tête. Ce sont mes moments, c'est mon odeur ce soir, mon concerto nocturne, ce sont mes souvenirs. Je n'ai pas envie de les couper en deux, de les partager avec d'autres. C'est mon moment, ici, chaque été, où je frotte la vaisselle, où j'engloutis des lectures, où je mange plein de confiture le matin, où je contemple les playmobils dans la chambre d'enfant. Si on me prend ces moments là, j'aurai quoi, moi ?

*

J'avais envie de ces retrouvailles ce soir, en avais besoin. Besoin de sentir que j'ai manque à ce corps chaud et tendre, mais il est reste de marbre. Silencieux comme une belle statue, fuyant les mots, mes caresses, mon regard déçu, mes blagues. La solitude s'injectait dans mes poumons à chaque arrêt de métro qui passait en silence. Je lui acressais le genou en le scrutant à travers la vitre. Il me souriait parfois, alors je me disais qu'il y a peut être une chaque que nous fassions l'amour. 
En arrivant à la maison, j'ai eu le temps uniquement de me laver les mains en sa présence. Il n'a pas quitté ses chaussures il m'a dit je m'en vais je suis fatigue. Comme quelqu'un de fatigué de moi ; je connais si bien ce sentiment.

J'ai pleuré jusqu'à ce que le Xanax fasse son effet, seul consolateur de ma solitude. De longues minutes ont été gaspillées à envoyer tout mon chagrin rempli de haine et de colère par SMS. En vérité, j'attends encore qu'il sonne a la porte, s'excuser, me prendre dans ses bras, me dire que ça s'arrangera. Mais le temps ne ment pas. Il n'y a que la lavande qui sent toujours aussi bon par la fenêtre d'été en été. Et il faut que je l'apprécie seule.