05 décembre 2021

Le travail ça rend heureux.

J'ai ri ; ce n'était pas plus tard qu'hier que j'ai entendu cette phrase dans la bouche d'un keum dans un rester de reportage. J'ai des cernes jusqu'aux baskets, mes yeux sont rêches et ma concentration liquéfiés et je me suis quand même un peu noyée échouée dans le bateau Eugène Jumin pour une partie de cartes houblon. Je riais et roulais des pelles au petit lévrier fou et puis en plein milieu d'une partie que je perdais vachement j'ai reçu le message.

Le message qui fait que travailler ça rend heureux. Celui où il y a des mots que tu pourrais mettre dans la rubrique qualités de ton CV, la récompense suprême : la reconnaissance, un soir, à 20h53 et des brouettes, ça laisse bouche bée. 

J'ai vingt heures et une quinzaine de bornes dans les pattes, l'épaule engourdie par le nouveau sac vert qui transporte du câblage, le regard vague, les jours en acnée, les veuch en bataille mais putain dans le métro j'avais le sourire aux lèvres parce que à 20h53 on m'a dit que je comptais pas pour du beurre.
Tout ça pour avoir picoré du risotto, twitté des gamins pleurnichard, zieuté la somptueuse Géode, filme en long en large et en travers des tabliers rouges, des ananas blancs, des couples complices, des chefs reconnus. Tout ça parce que j'aime bien, beaucoup trop bien, visiblement, par moment, ce que je fais de mes dix doigts.

Créative et efficace, il a dit.