04 juillet 2021

Vendredi sale.

Je marche rue Tourtille.
Mon sac me déséquilibre.
Il n'y a pas de voitures, les terrasses de cafés dégoulinent sur les pavés,
les enseignes graffitées se répondent en couleurs, et le soleil joue à cache-cache dans les reflets des baies vitrées.
J'ai les aisselles moites, je mâche mon chewing-gum en entrouvrant la bouche un peu comme une pétasse des années 2000. Je me sens insolente, exténuée, au bout du rouleau.
Mes lunettes de soleil aux verres fumés ajoutent un peu de gaieté à la puanteur parisienne de ce vendredi soir. 
Ça sent la bouffe chinoise, mes pieds couinent dans mes Converse, mon utérus s'effrite à l'unisson avec mon humeur.
Je marche en quête d'une bière, d'un baiser sur la joue, d'une main sur ma hanche.
J'attends un message de cette nana, en attendant j'en envoie mille autres, à ces autres personnes qui me frôlent, me bercent, me baisent, me font respirer.


* * *


J'ai embrassé une douzaine de shoots ce soir-là. Ravagée, étalée, les pensées écartelées. Ma dignité en vrac dans la cuisine d'Ivry, ma cervelle en lambeaux dans mon crâne, encore ivre, morte de rire d'être encore en vie. D'avoir autant aimé et détesté cette semaine à la fois. Les montagnes russes. Sûrement le changement de dosage des médicaments. Ou un début de burn-out. Ou une miette de bonheur, qui s'est glissée entre deux incisives de la vie.