C'est toi qui a échoué et c'est moi qui suis réduite en épave. Le vent a soufflé, t'as mis les voiles et moi, je suis restés coincée dans le banc de sable. Je m'enrobe chaque jour un peu plus de ta fuite, comme une peau d'âne qui m'entrave chaque jour qui passe, qui m'ôter le désir de vouloir me lever le matin.
19 mai 2021
Tempête.
Tu as disparu de ma vie comme disparaissent les navires dans la tempête. Ton corps bariolé, tes joues hirsutes, tes bras rêches et ta peau rougie se sont fait happer par une eau sombre et froide, une eau où je n'ai pas choisi de plonger. Te voir, sur mon écran de smartphone m'émeut tant que je voudrais broyer tous nos souvenirs, les émietter et les foutre dans le caniveau le plus éloigné de ma fenêtre. Le souvenir de la sensation palpitante et intense qui se réveillait entre mes omoplates, le long de ma nuque, lorsque tes bras m'enveloppaient comme de grandes vagues me coupe le souffle. Je jette des larmes sur mon coussin comme des petits couteaux que j'aurais envie d'enfoncer sous tes ongles, sous mes tendons, comme si je pouvais éventrer avec mon mal-être, tout ton mal-amour qui me brise la gorge sous l'effet de l'émotion trop vive. Et tu existes si fort sous la pulpe de mes doigts, dans la commissure de mes lèvres, entre les plis de ma vulve, emmêlé dans les poils de mes aisselles, que je me sens morte de ton absence, vidée par ton naufrage, noyée de ton silence. Je jette des bouteilles à la mer en espérant qu'elles se brisent sur le sommet de ton crâne, car tu brises mon sommeil, ma respiration, ma confiance, tout mon être.