04 mai 2019

Ligne de front

Il est toujours là.
L'arc-en-ciel.
Je passe à chaque fois devant comme une dernière étape du pélerinage qui m'amène jusqu'à l'apesanteur offerte par mon matelas.
Il est là l'arc-en-ciel.
Il vient ciller le ciel et strier mes doutes comme un bagage en soute à moitié vide où l'on a oublié de ranger la légèreté.
Je voyage lourde de scrupules et de semi-chagrins, qui sont comme des nuages qui passent sur mes pommettes.
Mes pieds pulsent non pas parce que je stagne mais parce que je tangue,
Parce que chaque titubement est une hésitation entre rester debout, semi-écroulée, ou entière, seulement semi droite. Je courbe l'arrondi de mon corps pour qu'il épouse une douce pensée sur laquelle je pourrais me reposer.

Il est las l'arc-en-ciel.
Je vacille, gravitant autour de moi, cherchant l'aplomb, une destination vague, un rivage.
Je navigue. Entre les digues de rien, entre les dires d'airain qui s'essoufflent en cognant mes tympans. Comme si le silence était brisant. Comme si mes oreilles s'enrhumaient à chaque expiration. Comme si mon nez, mon souffle, mon souffle au coeur, s'endormaient paisiblement au bercement de la moellesse.
J'ai suffisamment bu
- de paroles -
Pour étancher ma soif
Je suis humide de promesses,
Je suis perfuse de mignardises,
Je suis velue de frissons
Qui attisent
La volupté.
La nuit est douce,
Et demain, j'ouvrirai l'oeil sans inquiétude.