C'est pourtant pas si compliqué : j'écris la même chose ici, depuis toujours. J'écris des choses pour toi, mais surtout pour moi. Tu n'es pas obligé d'y comprendre quoi que ce soit (même si parfois je l'aimerais tellement...), surtout en ce moment, depuis que nous sommes si loin l'un de l'autre. Pile ou face, pile ou face, encore ce jeu de hasard qui nous attend au tournant, en automne, quand la feuille ou l'arbre décidera de lâcher prise, comme tu l'a si bien dit. On devra décider, comme tu l'as dit également si on fait de nos cendres un engrais ou si l'on souffle dessus pour les éparpiller dans la mer. Belles paroles (tu en as toujours eu) qui obligent mes yeux à accoucher de quelques larmes, comme à l'accoutumée.
Savoir l'impossible : s'aime-t-on ? Ne s'aime-t-on plus ? Lu-ci-di-té : j'en ai beaucoup acquis, cet été, mais je crois que j'aurai bien besoin de quelques années de plus pour en avoir assez pour septembre. J'en aurai besoin pour vivre, plus tard. Avec ou sans toi. Car tu le sais, je n'ai rien connu d'autre qu'un monde ou le futur conjugue nos coeurs à l'infini. Ce serait impossible à vingt ans de réapprendre une autre langue, je n'ai jamais été très douée pour ça. Pourtant, on dit que quand les gens sont contraints, ils y arrivent, dans tous les cas.
Je n'ai pas hâte de tout ça. Je voudrais plutôt m'enterrer vivante. J'ai envie de te crier le contraire de ce que je veux te dire. C'est indéchiffrable - comme une langue qu'on ne connait pas... -, c'est douloureux, c'est invivable et c'est pour ça que je me suis choisie une vie de rechange pour cet été.
Tu diras encore, un jour, que j'ai trouvé la solution facile : balancer des mots ici, auxquels on ne peut pas répondre, et qui sont aiguisés comme des scalpels. Je n'aurai rien à répondre à cela. Je ne sais pas faire autrement.