J'ai repris. On ne reprend les vieilles habitudes que lorsqu'on s'y attend le moins. Encore endormie au tabac-presse de l'aéroport, ma mère m'a dit de prendre ce que je veux pour pas trop m'ennuyer dans les airs. Alors j'ai pris deux journaux, et un bouquin, pour la forme. Et je ne sais plus comment m'arrêter, je n'imagine pas comment j'ai fait pour ne pas lire, tous ces mois. Les pages se tournent à une vitesse lumière, il y a encore une heure le paquet de pages de gauche ne faisait que deux ou trois millimètres ; mais voilà le nombre de pages qui commence à s'écrire avec trois chiffres. Pourquoi ? Pourquoi je n'ai acheté qu'un seul livre ? Pourquoi dois-je m'imposer la torture de lire moins vite que ce que j'ai envie ? Pourquoi suis-je déjà à un tiers de l'histoire ?
En plus, me voilà retombée dans l'enfance. Virginie, c'était mon écrivaine préférée avec ses scénars glauques, ses gouines méchantes et le sexe et la drogue. On peut dire que ce qu'elle a écrit n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde. Je prends plaisir à prendre du déplaisir à lire certaines de ses phrases. C'est clair que ça tourne un peu en rond : gouines gouines gouines, sexe partouze pipe, exta coke héro. Mais à force, on s'y sent chez soi, on s'y sent à l'aise. Ou peut-être est-ce mon monde à moi qui fait ça ? Peu importe. Peu-importe que ce soit elle que j'ai choisi au rayon lecture ; j'ai hésité entre elle et un Irving, mais ce dernier était un peu plus gros, j'avais peur pour une "première fois", depuis si longtemps. Et me voilà qui regrette... J'aurais dû quémander les deux à ma mère.
Espérons que se rabattre sur les révisions me satisfera et portera ses fruits en septembre, sinon, je jetterai mon dévoulu sur n'importe quel bouquin en russe.