Et
tu dis ça mais c'est faux ! Dans le Coran, à l'origine, les
nouveaux chapitres commençaient sur la même ligne que les chapitres
précédents mais marqués d'une lettre rouge. C'est peut être pour
ça, tout de même, que je n'arrive pas à lire, à tourner des
pages. Quelle bizarrerie toutes ces choses. Rouge, tout rouge, ou
tout noir. Des pages et des pages de lettres évidées de leur teneur
en information - des centaines et des centaines de larmes qui ne font
plus effet - qui se réunissent, page après page, pour parler de la
même chose, ou de choses complètement dissemblables. Ça rime à
rien, l'écriture. Écrire notre histoire. Qui a, le premier, comparé
l'amour, la vie, à des livres ? Qu'on lui coupe la tête ! "Maudit
soit à jamais le rêveur inutile qui voulut le premier dans sa
stupidité, s'éprenant d'un problème insoluble et stérile aux
choses de l'amour mêler..." l'écriture. Ce n'est bon que pour
les honnêtes gens. Les graves partisans de la vie conforme qui
s'endorment chaque soir à l'heure qu'ils avaient prévu le matin :
c'est pas nous, ça. Nous sommes des gens construits autrement. Les
circonstances qui ont été engendrées par le fait qu'on se
rencontre n'ont jamais connu la stabilité des lignes. Tout a été
contre nous - les pages ont tourné à l'envers, c'est sur la
dernière page d'un magasine télévisé qu'on a lu qu'on allait
vivre ensemble. Ce n'est peut être même pas une coïncidence.
J'espère que je
dormirai bien cette nuit.