Vendredi soir.
Aucune envie de faire la fête. La fatigue recompose de numéro de ma
migraine, elle est a deux doigts de l'appeler, elle appuie sur le bouton
vert : ça sonne, une fois, deux fois. Raccrochage brutal. Un sms de
Lucie : "Tu sors ce soir ? Si tu sors j'ammène Silouane". Silouane le
mec aux fondants au chocolat, au studio duplex et à la jolie barbe. je
réponds : "Oui. J'arrive dans une heure". Je me lapide déjà
intérieurement, j'avais prévu de rentrer tôt, de réviser, de me coucher
avant minuit après avoir fait la vaisselle et passé l'aspirateur. On
mange, on se sourit, on sort. Logan est en retard, comme absolument tous
les soirs, nous, à trois - La belle bouclée, le beau barbu et moi - on
se prend un Mojito. Puis, Bec de Jazz - nous gardons toujours les mêmes
QG. Logan est enfin là, on se paye une jolie bouteille, on fume, on
parle de Rachmaninoff et Ravel, de clitoris et d'homosexualité, on parle
et chante en russe, puis en espagnol, on criait trop dans la rue quand
le videur nous a fait la deuxième remarque. On se casse au Heaven. Vous
ne savez pas ce que procure la sensation de danser comme la plus
sensuelle des stripteaseuses sur une barre dans une salle remplie
d'hommes... qui aiment les hommes. Toute l'énergie sort par les pores,
ce n'est plus de la transpiration mais du plaisir qui se loge sous les
aisselle, dans le dos, entre les jambes. Vodka-Mangue, encore une danse.
On sort. Où est-ce qu'on va ? Charlie's. C'est le faux anniversaire de
Juliette, toute la rue chante en chœur la célèbre chansonnette
d'anniversaire, certains - comme à leur habitude - y ajoutent quelques
vulgarités. On a du Pastis, deux mousseux immondes, un guitariste
bourré, une déesse couleur chocolat percée de partout, un chanteur qui
pue la bière et Marvin pour se chuchoter quelques secrets à l'oreille.
Et le vent de novembre n'a pas su nous glacer. Nous sommes partis
presque à contrecœur pour nous retrouver tout de même plus au chaud,
chez Silouane où j'ai répété à tue-tête pendant plus d'une heure "Non,
c'est une hélice" à la fin des phrases de chacun car Silouane ne voulait
pas me laisser sa place; internet ne marchait pas, mais le thé chaud,
les gâteaux, la musique - des chants de guerres de l'armée rouge - ont
su nous retenir jusqu'à cinq heures du matin. Il nous a promis des
fondants et une chicha pour demain, au goûter, quant à Logan, il était
endormi depuis longtemps quand on est parties avec Lucie.
Samedi.
Réveil à 13h38, on mange, on joue aux Sims, petit passage à Monoprix
pour dédommager notre venue et on retourne dans les tente mètres carrés
d'où on était parties dix heures plus tôt. Il a tenu sa promesse : ses
fondants sont merveilleux, et sa chicha est vraiment trop belle. On a
joué au Yathzee sur le PC de Lucie jusqu'à 19h. Il n'y a pas eu de
chute, car il y en aura des dizaines, de soirées comme ça.