14 septembre 2010

Anne-Isabelle.

   Elle a un prénom composé, un nom difficile à prononcer, des cheveux bouclés en vrac, un large sourire et des colliers autour du cou auxquels elle tient plus qu'à la prunelle de ses yeux. Elle fait vivre chacune de ces breloques en métal en lui donnant une âme : celle du théâtre, de la virilité, de l'amour, de la musique. Elle est musicale : parmi ses pendentifs il y a la lyre et la guitare, sa voix vive aux tonalités graves se loge imperceptiblement dans toutes les oreilles, chaque membre de son corps bat le tempo de n'importe quelle chanson, ses yeux sont une berceuse et la clé de sol qu'elle s'est dessinée à jamais derrière l'oreille doit lui chuchoter chaque jour un nouvel air à adopter. A travers son t-shirt blanc on discerne parfaitement son soutien-gorge noir, on devine ses hanches, ses seins et ses mollets et on se plait à les imaginer nus durant quelques secondes d'égarement... Noire et blanche, elle est pourtant colorée de mille teintes, et ses Docs Marteens rouges n'y sont pour rien. C'est son allure, sa démarche, sa chevelure. Elle tient une cigarette comme si elle jouait du piano, elle tire chaque bouffée comme si dansait un ballet, elle ne te regarde pas, elle te caresse de son regard de féline, et lorsqu'il se tourne vers autrui c'est une sorte de jalousie qui s'empare de ton corps, et - c'est physique -, tu en redemandes, car elle fait partie de ce rare genre de filles auxquelles on s'agrippe avec yeux, et très rapidement avec tout le reste.