J'ai pleuré il y a deux jours de peur et de terreur. D'incompréhension, d'injustice, de désespoir. J'ai pleuré car j'avais peur. J'avais peur que mon chéri se fasse insulter dans la rue, j'avais peur que je ne puisse pas exercer une haute fonction administrative en tant que bi-nationale, j'avais peur qu'on tape encore plus de noirs et d'arabes dans ce pays. J'avais peur que mon travail doive se restreindre a faire bonne figure devant le pouvoir, j'avais peur que mon papa ne puisse plus bénéficier de l'AME en tant que réfugié politique. J'en ai morvé dans mon lit tellement j'avais peur.
Et puis j'ai pleuré tout à l'heure. J'ai pleuré le 7 juillet à 20h sur la place Stalingrad quand sur un écran géant un grand demi cercle majoritairement rouge s'est affiché sous nos yeux. J'ai sanglote de soulagement dans les bras de mes copines, j'ai chialé fort mais personne ne s'entendait car tout le monde autour de moi hurlait de joie. C'était assourdissant, tout ce soulagement. Comme un furoncle qui éclate et qui enfin fait disparaitre la puanteur.
Ce soir, j'ai usé mes cordes vocales, j'ai levé mon poing, j'ai souri fort en voyant des drapeaux français, et j'ai chanté la marseillaise plus fort que je ne l'ai jamais chanté. En choeur, avec tous le peuple français qui a voté pour l'union, pour la solidarité, pour un avenir meilleur, pour toutes et tous. Et Jean-Luc Mélenchon a bien expliqué le sens des paroles de la Marseillaise. Le sang impur, c'est pas nous, c'est celui des ennemis, celui qui sont contre la liberté. Nous on est purs par notre brillance, nos multitudes, nos espoirs, notre union.
C'est un moment de joie. Les moments ne sont pas éternels. Il faut se mobiliser maintenant, plus que jamais.
Je voudrais continuer à être fière d'être française, pour très longtemps.