Je repense à toutes les fois. Pas uniquement celles de ces cinq dernières années. Celle : les autres, où les toutes petites actions des pas si petits garçons m'ont fait me sentir diminuée, annexe, fragile.
J'ai vécu trois décennies. C'est merveilleux mais irréparable. On ne ressoud pas les fissures de l'égo et de la confiance à coup de pintes, de sexe et de rimmel. J'ai arrêté de m'échapper. Je me murmure chaque soir qui m'emporte dans le repos que ça aurait pu être plus dur. Oui, mais ça aurait pu être plus facile. J'aurais pu croiser plus de personnes qui m'auraient fait me sentir bien. Pourquoi ais-je posé si souvent mes pieds dans de la glue de moustique ?
Ça a tout taché. Tout entaché, mais pas tout(e) gaché(e). Je vibre encore si fort... Comme si rien n'avait été impactant, comme si tout se balayait à coup de brosse en PVC. Les ordures sont rangées sous mes aisselles - je me tortille les ongles et les joues jusqu'au sang quand on me parle de mes rayons. Petit rayon que je suis, la queue entre les cuisses, mais c'est peut être ça qui est le plus excitant : être dans la peur. La peur de n'avoir plus rien à perdre.
J'ai toujours :
_La bouche et tous ses délices
__Mes jambes qui galbent des montagnes au Japon
___Ma tête qui condense toutes les petites heures de sommeil pour ne pas disloquer mon univers
____Mon coeur qui pourrait faire les JO de muscu tellement il se serre chaque fois que mes paupières se froissent sur un début de calvitie.
Vinaigre de la vie,
À boire jusqu'à plus soif
Même au soleil
Impunément.