23 juin 2023

Ravitailles.

Quand rien ne compte parfois parce que le compteur de nos gouttes de vies est obstrué ou percé...

Je n'irai pas m'infliger ça demain. Parce que j'en ai la chiasse. Ce n'est pas moi qui devrai flipper de venir. Ce n'est pas moi qui ai griffé profondément au point de provoquer des saignements qui brûlent chaque ride que j'ai sur mon visage d'enfant vieille et jetée. 
C'est moi qui pleure, pourtant. 
Je titube de douleur, de colère, jamais du reste.
Ça s'appelle le trauma : dans le milieu on dit que ça passe avec le temps, mais la vérité c'est que les ouragans ne font pas que passer comme sur les chaînes télé ; les brouillages créés dans les neurones ne sont pas des chimères, ce sont des cicatrices, et celles qui parcourent mes bras et qui ont vingt ans serreront toujours moins fort les veines qui ont servi de ravitaillement au petit fantôme gris que j'ai été.
Je fus chauve, chauve-souris, rat-dégoût. C'était si desagrêable que ma peau, même celle de mes pupilles, me tiraille encore. On met de la crème, chaque jour, chaque soir. 

Je suis hydratée, maintenant. 
Mais je me rappellerai toute mon existence que c'est que d'être dessechée de soi.