On dit que chaque histoire est différente mais chaque histoire est difficile : toutes se ressemblent et on se raconte toujours les mêmes lubies sur l'oreiller en s'endormant seul dans nos lit. Chaque fois qu'on trinque et qu'on s'embrasse passionnément peut être la dernière de toute la vie ; je me souviens à peu près de la dernière nuit sereine avant la fin du monde. Je la croyais infinie. Et maintenant chaque heure de sommeil qui passe sans que je m'éveille est juste un compte à rebours secret avant la potentielle horreur du vide, de l'inconsidération et du désinterressement que le monde entier que je me constitue dans ma tête va me porter demain.
Et puis ça passe, pour douze ou vingt-quatre heures de plus, et je ravale les vomissures de mes angoisses pour me nourrir un peu, tenir jusqu'à ce que ce monde s'écroule et que la réalité, simple et banale me rappelle que parfois, souvent, tout ira plutôt bien.