Ça va toujours bien. Oui, c'est speed, imprévu, barbant, prenant, foisonnant et d'autres termes en -ant. Mais c'est comme ça chaque année. Et peut être celle-ci moins que les autres : j'ai arrêté de croire que la pression et les pressions sauveraient la face. J'y vais juste par à coups réguliers, sans prévoir que dans deux cent mètres il faudra bifurquer. La route est incessamment sinueuse, et d'autres horreurs plus graves qu'une d'autre de frappe ou un retard de livraison feront que la pilule de la vie est dure à avaler. Je ne sauvé pas des vies ; mis à part la mienne - je le dis rarement, car m'entendre le dire m'étonne moi-même : je suis heureuse au travail. Y'a plein de si. Vous aussi, vous devriez être payés davantage. Et votre chef devrait faire plus d'efforts pour vous soutenir sur ça et ça. Et puis les travaux de menuiserie dans le couloir, la collègue qui tousse, la cafetière qui fonctionne mal, les réunions dispensables qui enchaînent à une allure folle... C'est la même barbade pour toutes. La rentrée, les vacances, la fin d'année, le début de j'sais pas quoi, c'est pareil : jamais d'accalmie, jamais le temps de souffler un coup, assez fort pour se décrasser les poumons. Alors je souffle par à coups : ce soir, ce mardi après midi, demain peut être aussi. De toutes façons, que je le fasse ou pas, demain ça sera dur pareil. On me demanderai les mêmes choses ; je repousserai les mêmes projets au lendemain ; je ferai les mêmes bêtises ; je déjeunerai à la même heure.
J'ai décidé de racler à la petite cuillère chaque miette de douceur dans l'existence, depuis fin juillet. Alors on ne va pas partir le ventre vide si rapidement.
Je grossis à vue d'œil.