09 avril 2022

Je tu(e).

J'ai tes chemises sur l'étendoir ; et tu me manques déjà. Je ferai quoi, après ? Avec mon égoïsme, mes Xanax, mes cinquante heures de taff par semaine, mes gueules de bois ? Je vais attendre quoi après que tu ne m'aimes plus, après que papa radote, après que mamie pleure, après que je titube chaque vendredi soir ? Après que les hirondelles aient assez chanté, après que je te dise que je ne pourrai jamais. Jamais être ce qu'on conçoit comme réconfortant, sain, normal. Tu me manques déjà.
Parce que je ne te l'ai jamais dit, parce que c'est trop ivre pour moi, désormais, ces choses de oui à jamais, ces palabres contraignantes et borgnes, ces mots doux et faux. Je ne désirerai jamais que tes fesses, je ne daignerai jamais d'autres bras, jamais plus il me semble je pourrai avaler ça, tu sais. Et c'est quand même je t'aime. C'est quand même comme ça, c'est quand même fou, je ne suis pas désolée même si je te le dirai, je ne le suis pas. Parce que il faut que le parfum de mon corps soit celui que tu désires. Et tu ne désireras pas ces mots-là.
Bonne nuit, tu me manques déjà.