Je suis sortie de la gare à pas tellement rapides que je sentais ma valise s'envoler à coté de moi. L'escalator qui me menait au rez-de-chaussée me paraissait interminable, et je me baissais sans cesse pour entrevoir à travers les grandes vitres du hall à quoi ressemblait ce soir là le parvis de la gare strié des rails du tram, que je connais par coeur.
Je suis sortie précipitamment en passant tout près d'un groupe de jeunes hommes qui riaient aux éclats, parlaient fort et sentaient la bière douce. Je ne sais si c'est l'odeur ou leur jovialité qui m'a fait sourire, mais cette rencontre m'a été plaisante.
J'ai attendu le tram en savourant les six minutes qui me séparaient de son arrivée ; d'habitude je m'impatiente, mais ce soir là j'ai pris mon temps à poser mon regard sur chaque jeune femme qui passait à l'arret du tramway, à tendre mes oreilles vers chaque phrase chantante prononcée avec ce si doux accent qu'on dit du sud mais que moi je crois du paradis.
Le trajet fut court et agréable. Des jeunes discutaient fort en écoutant de la musique, et je me suis surprise à tapoter du pied au rythme de leur téléphone portable.
Je suis sortie de la rame précipitamment, pour aller retrouver maman au plus vite. La rue qui monte jusqu'à chez moi, d'habitude si inerte et si banale m'a fait cette fois ci ressentir une joie de vivre immense. Je ne sentais pas du tout le poids de ma valise dont les roues grattaient bruyamment le trottoir. Je ne sentais que l'odeur de l'air qui était celui du printemps, du soir frais, des arbres qui frisonnent avec le vent. C'était un parfum exceptionnel, divin, et je le respirais à pleins poumons malgré la douleur.
J'arrivai presque trop vite devant mon portail, et à la seconde même où je me suis dit que je ne me souvenais plus du digicode, mon index l'a automatiquement composé.
Montpellier, cette belle, m'a vraiment manquée.