04 février 2011

C'est comme ça partout

Tu avais l'allure et l'arrogance des éphèbes antiques
lorsque tu t'asseyais sur une chaise
aussitôt le bois se transformait en velours sous tes cuisses
tu buvais du miel
tu mangeais de l'ananas
tu fumais la pipe, une pipe d'ébène
tu ne criais pas, non, tu me regardais de haut
de tellement haut que je voyais à peine tes pupilles posées sur les miennes
j'avais l'impression que tu observais ma chevelure
j'étais blonde à tes yeux
blonde comme ces filles qui servent de tableaux aux soirées
blonde comme celles qu'on n'a pas envie de remarquer
blonde comme celles qu'on embrasse une fois, par inadvertance
blonde comme la plus vaste solitude.

Tu nageais : tes doigts balayaient l'air comme si tu te trouvais au fond d'un océan
et dieu sait si dans ta tête tout n'était pas que liquide
aurais-je pu être une algue ?
flotter entre tes oreilles ?
ne rien voir, ne rien entendre ne pas exister
seulement être présente, ne rien dire...
non je n'aurais pas su.

parce que tu étais l'eau parce que tu étais le roi
parce que tu étais beau et ridicule
hautain et doux
fou et attentif
vivant
et disparu dans les limbes de notre vie commune.