03 octobre 2010
Tendrement vôtre.
Bonsoir cher ami, c'est un déplaisir que de te voir t'installer comme
à ton habitude sur ton trône gris et fragile qui prend place en plein
milieu de mon crâne. Tu as la même expression de visage que toutes les
fois : les mêmes joues creuses que tu mords convulsivement, un regard
vide et gênant que tu jettes dans chaque angle de la pièce, une bouche
tremblante, tordue par le sadisme. Tes mains osseuses titillent les
rideaux de nerfs qui tentent en vain de t'étrangler. Jamais ils n'ont
réussi à effleurer ne serai-ce qu'un brin de tes cheveux visqueux. Au
contraire, c'est toi qui les arraches, les déchiquètes les dévores par
poignées jusqu'à ce qu'ils te sortent par le cul et qu'ils deviennent
des vers qui grouillent partout jusqu'à m'en sortir par les yeux et les
oreilles. Je ne peux rien contre toi, et tu en profites gaiement, tu
prends plaisir à fouiller entre les pensées, les projets et la
poussière. Alors régales toi comme tu le fais à chaque fois, mange toute
ma patience, toute ma bonne humeur, toute ma volonté, engloutis les
jusqu'à ce qu'ils se décomposent, jusqu'à ce que je ne sois qu'un amas
de restes de cellules, quelques os ceinturés dans un peu de peau sèche.
Vite, mène ton travail à bien, finis ton carnage et pars pour revenir
dans quelques temps, quand j'aurai reconstitué quelques haillons
d'existence. Ton petit manège finira un jour par trop me faire tourner
la tête, histoire de me briser la nuque.