Dans l'éclat des yeux, au plus profond des pupilles, vivent des grillons vifs comme des braises et noircis par le sel des larmes acres. Ils hibernent le temps d'un sourire mais dès que les pensées douces se voilent de grisailles, ces bestioles commencent à crépiter de leurs ailes, à les frotter douloureusement contre leurs petites pattes engourdies et à produire un son de violon mal accordé qui raisonne dans les milliers de recoins irrités de la tête, et on se tue parfois à étouffer ces notes stridentes par un rire forcé qu'on a du mal à remonter des tripes à la gorge. Car cette gorge est obstruée par des mots qui n'ont jamais osé sortir pour se frotter à une oreille, il n'y a que de las fantômes de tabac qui y pénètrent et hantent le creux de la poitrine le temps d'une inspiration. Ces mêmes fantômes qui laissent une trace colorée et parfumée d'automne entre le majeur et l'index, qui essuient rageusement sur la pommette rosie et brulée les petites gouttes des cris incessants des insectes.