29 mars 2018

Odaklem.

   (Je me suis coupée les ongles) (je me suis lavée) Tout va bien.
   De jeunes filles riaent dans le métro, l'homme en noir assis à ma gauche un peu moins : "Putain ! Il fait froid ! ...faire fout' !" Gestes brusques et disruptifs.

   Mes moments de vie sont de moins en moins construits de didascalies et emplis de plus en plus de vivres.

   "Hé ! Reste bien comme ça hein. Signe de croix. Reste bien comme ça hein. Signe de croix."

   Foulard fushia sur le front, voix suave, rauque et un brin aigrie. Trente-six ans je dirais.
   Il reste comme ça, hein. Dans la même position depuis que je sois rentrée dans le métro.

   Campo Formio.

   Je descends.

   Les autres gens mettent un pied devant l'autre bien mieux que moi. Les portiques du métro s'ouvrent quand même à mon approche. Le feu vert est au rendez-vous ; je ne regarde pas trop devant car il n'y a rien à voir. Rien avoir avec ce que j'ai vécu  : je me rassure. Je ne suis pas plus saoul que les 24 dernières années.
   Il n'y a que la sérénité qui remplit autant la panse et qui fait marcher aussi droit, aussi assurément.
   J'assure ce soir : je me rassure. Je ne suis pas plus saoul ce soir que ce matin.


   Je suis dans mon lit desormais. Il n'y a rien. Il n'y a rien entre moi et le monde, il n'y a que la fenêtre entre moi et le réverbère, il n'y aura rien d'autre que la fatigue entre moi et elle et la pinte demain soir.
  
  
   Je me couche : je suis couchée. Allongée de tout mon long sur le clic-clac.
Je voudrais me laver, je voudrais me couper les ongles, je voudrais dormir.
   Je voudrais aller à Marseille.

   Je peux faire toutes ces choses.
   Mille fois.
   Par amour.

Pour moi.