10 avril 2011

Manivelles de la séduction nocturne.

   J'ai monté les deux étages en courant, comme chaque vendredi soir, après mes interminables neuf heures de cours qui me font finir à 18h15. J'ai ouvert la porte et mes yeux se sont posée sur le dos de Silouane. J'ai pris un plaisir fou à l'embrasser au creux de sa joue barbue, tout autant que lorsque j'ai embrassé Lucie et sa soeur. J'étais surfatiguée, surexcitée. J'avais faim, à tel point que je les ai forcés à faire les pâtes tout de suite après mon arrivée. J'avais tellement honte de les avoir renversées sur tout le plan de travail que je suis allée me cacher dans le salon sous un plaid jaune et discuter doucement avec Louise, de peur qu'on me découvre. Quel soulagement, 20 minutes après, lorsqu'ils m'ont jeté un chat à la figure et invité à manger à table. 
   Nous sommes sortis avant vingt heures. Il faisait jour comme en plein après-midi, et nous avons trouvé fou le fait qu'il fasse plus clair dehors que dans le bar où nous étions en train de de boire nos mojitos qui étaient incroyablement citronnés ce jour-là. J'ai dit à Lucie de me passer sa carte bleue pour que je retire quelque trente euros pour cette soirée. Ensuite, on a couru au Bec de Jazz qui était plus vide que jamais, à tel point que nous n'osions parler qu'à mi-voix pour me pas se faire remarquer des quatre serveurs avachis sur le comptoir. Le soleil s'était couché, il était près de 22h30 et Silouane, ce traitre, est rentré chez lui, j'avais beau le supplier, lui voler son priquet, il était parti comme si de rien n'était. J'étais triste de le savoir si fatigué de soirées arosées. 
   Alors, nous sommes allées chez Dub, qui faisait une soirée cocktail à la maison. Quoi de plus beau qu'un carte remplie de noms les plus fous - Paf la grenouille, Cervelle de singe le retour, Color Italian, Amour, et j'en passe - qu'on consommait comme des petits pains. Ensuite nous sommes allés faire un petit tour au Heaven avec Antoine, où Solène - un garçon, pas très très garçon - m'a fait toutes sortes d'attouchements pour me piquer ma cigarette. Nous avons dansé comme des fous sur la barre de strip-tease, j'en ai encore mal aux jambes de descendre jusqu'au sol en dandinant les fesses comme une putain bon marché. Personne ne nous regardait, mais nous, on était fascinés par nous trois, nos sourires, la sueur sur nos fronts. Je riais de bonheur.
    Lucie, ma chère, ma belle Lucie, en rerentrant chez Dub, a inventé une merveille avec des sirops de kiwi et de banane, du rhum et du curaçao, un peu de citron, un peu de je ne sais quoi encore qui était de la couleur des mers tropicales, et qui se buvait comme le plus succulent des fruits exotiques. Un coup de fil de Jude nous a prévenu qu'il venait dans cinq minutes avec Charles et Elo, déjà complètement alcoolisés. Alors, avec Lucie, nous sommes sortis à leur rencontre et profité pour accheter du riz, qu'on a mangé plus tard, grillé et avec des lardons, la bouche pleine de rires. Quelques retrouvailles avec Axel, nous ont donné la nostalgie des années passées...
   Lucie, entre deux cigarettes, avant de partir, m'a ouvert les yeux sur quelques bêtises que je me posais dans ma tête, et qu'il faudra juste mettre à plat dans les prochains jours. Nous sommes rentrées folles de joie, folles de fatigue pour se coucher à six heures du matin, presque nues à cause de la chaleur.

   Le lendemain, nous nous sommes fait le plus royal des brunches, et le café nous a fait tenir encore quelques heures, juste assez pour faire les boutiques.