23 décembre 2010

La neige est voluptueusement calme.

   Un peu de sommeil me court après... Je me souviens de Julie : un marinière pâle sur le épaules, les cuisses à l'air, un gobelet alcoolisé à la main, les yeux bleus, pétillants comme les étoiles. Elle me manque, tout comme les autres. La neige dehors, sur les arbres, les voisins casse-couille, la fluidité avec laquelle la fumée grisâtre enrobe la pièce et imprègne les vêtements. Camille qui fume clope sur clope, Logan - son accent, son anniversaire, les baisers doux -, Clara et son beau dos nu, Pilou agglutiné à sa Wii et Christo qui dort dans le fauteuil spacieux mais si inconfortable du salon. Il y a des prénoms qui me sortent par les pores, je les vois s'écrire doucement sous mes paupières quand je ferme les yeux. Nous sommes en hiver; en regardant par le balcon il n'y a que le blanc qui se propage à perte de vue mais je sors dehors en collants et débardeur et je n'ai pas froid. Parce que quand je rentre, ils m'attendent un petit peu à l'intérieur. Mon Jude amour est là aussi. C'est peut être ridicule de croire que ça aurait pu être un échec mais le fait qu'il soit là, parmi ces gens m'étonne. Comme si les deux plus beaux plaisirs du monde - amis, amour - ne pouvaient se mélanger. Il suffisait d'une crémaillère, d'une simple invitation qui se perpétue. La conjugaison en devient enfantine. Tout s'embrouille, se dilate, s'estompe et s'enfuit. C'est déjà dans le train que je me rappelle de la veille. De quelle veille s'agit-il lorsque les nuits sont blanches et les journées grises ? Léo, lui, a dormi comme un mort, avec sa soupe collée à sa chemise, mais nous, avons-nous seulement songé à fermer les yeux, un instant ? Cinq heures cinquante trois : la nuit ne veut même pas encore finir alors que nous nous embraquons déjà dans le métro : Place d'Italie, Bercy et compagnie. Et dire qu'il y a huit heures nous étions en train d'acheter du whisky au Monoprix des Champs-Élysées...
   Il ne reste que des photos, quelque 663 malheureuses photographies de nos visages agonisants sous les effets de l'alcool. Il y a écrit "nous sommes heureux" sur nos lèvres, il y a gravé "nous sommes éternels" dans nos cœurs.