13 novembre 2010

Solitudes.

   J'ai un rat, un écarteur, quinze autres trous un peu partout sur la tête - majoritairement autour de la clôture des tympans. J'ai les doigts gras car je mange avec les mains : des ailes de poulet toutes faites Casino gisent sur mon assiette jaune, encerclant une pauvre tranche de tomate tiède et salée : dégueulasse. Il y a le deuxième tome des Mémoires de Guerre de De Gaulle dans mon sac - sac à 115€ en faux cuir que j'ai appelé Jimmy car il est tellement encombrant que j'ai l'impression que c'est un être humain que je pote à l'épaule quand je sors avec lui - qu'il faut que je finisse vite car je dois terminer le troisième tome pour mercredi. C'est marrant, j'ai six cent pages à lire, c'est à dire plus de 24000 lignes, et au lieu de ça je m'amuse à en taper d'autres, des inutiles, que dix personnes liront sans intérêt et oublieront dix minutes plus tard. Je ferais mieux d'écrire mon livre, il ne fait que six pages depuis un an et demi mais a plus de sens que le diner solitaire que je vous raconte. Je jubile à chaque notification Facebook : oh oui ! c'est si chouette de voir ses amis virtuels commenter des photos de gens virtuels... Je veux du rhum, une chicha, un baiser, du temps à moi, un énième jour férié et - comme dirait Thomas Roessle - un bonne grosse pipe.