30 décembre 2018

Tout cela

Boire un peu moins
Trouver du travail
Faire du sport six fois par semaine : salle de sport, abdos à la maison, marche d'une demi heure, faire l'amour... tout compte.
Lire davantage
Remonter mon niveau en espagnol
Remonter le niveau en anglais
Se baigner plus
Se focaliser plus sur soi
Être plus patiente
Parler plus à sa famille
Prendre du temps pour créer
Manger un peu moins
Souffler un bon coup quand ça va pas
Faire plus d'expos
Se balader plus à Paris
Aller plus souvent à Montpellier
Réapprendre à conduire
Prendre soin d'Adrian et moi
Rêver d'avantage
Angoisser moins
Aller davantage vers les gens
Refaire de la pole dance
Acheter un nouvel ordinateur trop cool
S'habiller mieux
Avoir plus de plantes
Définir ce qui me plairait dans la vie à moyen terme
Apprendre à faire des tartes au citron meringuées
Manger plus de fruits de mer
Dire aux gens que j'aime que je les aime, plus souvent
Faire plus de choses, encore plus qu'en 2018
Me valoriser
Apprendre à savoir ce que je sais réellement faire
Apprendre à savoir ce que je veux réellement faire
Apprendre à vouloir faire ce que je sais faire
Refaire des perles
Faire des collages
Voir Anne bien plus souvent
Réavoir mon grand écart droit
Trouver mon parfum préféré
Aller davantage au cinéma
Avoir plus de temps en ayant moins de temps
Serrer Adrian dans mes bras à chaque instant où cela est faisable
Se faire violence
Acheter plus de fruits rouges même si c'est cher
Jouir plus
Aimer, encore et encore et encore

Recommencer chaque jour

28 décembre 2018

Dévêtue.

C'est donc un cycle incontournable. Même les plus puissants ouragans de fureur de vivre s'en vont et lui laissent place. À ce silencieux rouleau compresseur qui réapplatit le diaphragme comme lorsqu'il subsistait en léthargie quand j'avais si peur que je ne ressentais plus rien. J'ai peur de nouveau, je n'ai en vérité jamais cessé d'être craintive. De l'inaction, de l'incomplétude, de l'inexistence. Voilà que tout m'échappe encore. Comme lorsqu'on est parvenu à bourrer toutes les affaires dans un placard et qu'en entrouvrant la porte les étagères te vomissent dessus toute ta garderobe. Je me vomis dessus ma fatigue, ma flemme, mon incapacité, mes angoisses, mes enfantillages.
J'ai haï si fort sillonner les couloirs du métro tout à l'heure que rien que l'idée de mon passe navigo dans la poche de mon sac me contracte les viscères. J'ai les yeux qui piquent comme après avoir été aspergés de citron pressé, et le peu d'ongles qui me reste endolorit le bout de mes doigts desquels je me gratte frénétiquement, de malaisance.

Il va falloir voir des gens demain, et puis après demain, et tous les autres jours. D'étranges et terrorisants êtres humains à qui je vais devoir faire la bise en souriant, habillée dans ma tenue excentrique, et en leur criant bonne année un verre à la main, le regard ailleurs. Car je préfère au fond qu'on me mate les seins plutôt qu'on me regarde dans les yeux. Je n'arrive plus en ce moment. À soutenir un regard. Je n'arrive plus à parler à maman, à regarder calmement la personne que j'aime, à dire bonjour à la boulangère sans sentir que j'ai fait cela de travers. Je devrais faire mieux ou autrement ou arrêter de faire. Tout est bancal, artificiel, grinçant. Le mets les pieds pile dans les flaques d'eau boueuse et j'éclabousse au passage le petit monde qui m'entoure, saleté que je suis.

Alors j'arrête de marcher, je me roule en une boule flasque et tiède au fond de mon lit et je m'oblige à passer une longue nuit, qui me laissera le temps, je l'espère, de rebourrer mon placard de mes peaux de chagrin, de fermer la porte, et de ne pas l'ouvrir avant 2019.