12 octobre 2018

Ta délicatesse.

  C'est ainsi. Chaque endroit où je passe, où je me promène, où je m'endors, où je me marre, je pense t'y emmener avec moi, très vite, pour qu'on le fasse à deux. J'ai repéré un restaurant coréen en face de la grande mosquée de Paris où je voudrais t'inviter à déjeuner ; je pensais t'embrasser niaisement devant le mur des je t'aime aux Abbesses il y a quelques jours, et ensuite manger des œufs cocotte au foie gras en te faisant du pied sous la table au Potager de Thierry. Je regrette légèrement ton absence à chaque balade dans un parc, à chaque découverte d'une exposition, à chaque attente du métro, à chacune de mes respirations. Tu es revenu il y a moins d'une semaine et je me sens si peu rassasiée de ta présence que si l'on avait pu passer chaque nuit ensemble depuis ton retour je n'en serais pas plus satisfaite. Détrompe-toi, ce n'est pas un manque pesant et triste que je ressens, c'est autre chose. Ce n'est pas un vide, c'est une envie d'être comblée, plus encore, par ta présence, par tes caresses, par tes regards qui glissent sur mes tempes et mes épaules comme une douche brûlante en plein mois d'hiver. Tu me mijotes d’allégresse lorsque tu me côtoies, tu me rends ronde et douce, je me sens comme une boule de glace à la vanille, complètement lovée dans sa coupe. Et je vis comme un petit déchirement de la moelle de mon coeur à chaque fois que tu me soupçonnes de t'oublier, ou lorsque tu me dis ces choses futiles qui me font comprendre que je t'offense.
   J'ai chaque jour un petit peu plus conscience de la force immense qui nous lie, qui nous tisse à chaque moment que nous passons ensemble, mais aussi à chaque instant où nous sommes séparés. Broder ma vie avec des fils composés de moments passés ensemble me semble être un chaleureux habit que je pourrais mettre durant de longues années. Je te laisse glisser sur ma peau, et m'abriter de la vacuité du monde. Enroulons-nous, longtemps, ensemble.