13 mars 2018

Encore maintenant.

   Parfois ça revient, encore.
   Je dis toujours "cet été". C'était il y a il y a près de six mois maintenant. Ça revient quand je me sens bien, ça revient souvent... Je me dis que je vais demander quelques nouvelles, raconter quelques bribes de ma vie, des trucs chouettes. Je parle des amours, du travail, de notre vie, comme s'il s'agissait de s'informer sur quelques points essentiels pour cocher la case "souvenirs canadiens mis à jour".
  En fait c'est plus compliqué que ça. Ça revient dans les discussions avec ma mère comme une évidence pour le futur. Ça revient quand je me rends compte que C. va partir là bas dans moins d'un mois. Ça revient quand dans mon fil d'actualité des réseaux sociaux je vois les festivals, les photos, les articles, les expos. C'est même là tous les jours, quand, chaque matin je regarde la météo est qu'au lieu de Paris c'est celle de Montréal qui s'affiche. Il y a toujours des chansons que je ne peux pas écouter sans devoir me mordre l'intérieur des joues pour ne pas pleurer. Pleurer comme je l'ai fait dans la voiture, le 16 septembre, qui m'emmenait à YUL.
   J'ai parfois une folle envie de vos baisers, de vos burgers, de mangues juteuses, d'attendre sagement au feu rouge avant de traverser, de balader un gros chien noir, de rentrer en titubant du Nacho Libre, de me casser la gueule en longboard, de bronzer dans les parcs en maillot de bain, d'acheter des caisses de Belle Gueule, de se plaindre de l'absence de fromage, de rouler sur les grands boulevards en 4x4 en écoutant Fatal Bazooka, de frôler les immeubles en brique rouge, de me sentir bien, et belle, et libre et ivre.