13 janvier 2018

Oui salut, je voulais juste te dire que

   Je suis bien rentrée. J'ai raté le dernier métro mais j'ai rencontré deux italiens qui m'ont accompagnée jusqu'à la maison. Ton riz aux légumes est très satisfaisant. Sinon j'adore ma vie. Je suis rentrée les larmes aux yeux à peu de choses près. Comme si souvent. Des larmes de joie.
   Tous les soirs, quand je rentre j'ai un peu peur. Lorsque j'ai remonté les deux étages de mes marches d'escalier, que je tourne la clé dans la serrure de ma porte je frissonne un peu. Je dis systématiquement : salut. Y'a personne. Je suis sereine, rassurée ; frustrée. J'ai peur de ce moment où : quand j'aurai enfilé mon pyjama, ma brosse à dents dans mes gencives, la pinte d'eau glacée dans mon gosier, que ce soit fini. Que les milliers de secondes de cette belle journée soient balancées dans le néant interstellaire, et que ce soient les meilleures, les dernières. Tous les soirs. Et tous les soirs c'est pareil : c'est pas le cas. Parce que je dis : je t'aime ; merci ; je ris de bon coeur, et mon coeur est énorme et je suis engrossée de bonheur.
   Tous   les   soirs .
   On peut choisir que les choses arrivent tous les soirs. Moi, j'ai choisi tous les instants de mon existence d'être abrutie de cette folle senation de pleinitude. Je plane : viens, venez, je vous accueille, atteignez moi.