07 mars 2017

Matelassée.

Il n'y a pas de terminus ce soir, ce week end, jamais. Ce n'est plus que je t'aime c'est qu'il fait trop gris entre mes côtes, il y a trop de silence dans ma gorge, trop de fissures sur mes lèvres trop tard pour se réveiller le matin. Mes hanches se sont désalterées des douceurs de vos ongles il y a fort longtemps, et ma peau se craquèle au rythme du silence de ma lampe de chevet. La jaune,  la douce, celle qui ne m'écorche pas les pupille minuit passé. Je me repose sur mes épaules sur mon vieil oreiller dans mes vieilles petites chaussettes noires en attendant que mon petit coeur cesse de trépigner d'impatience de hier, des ans derniers, des choses que j'ai toujours coupé en deux avec le gros couteau de cuisine qui était rangé dans la poche de ma peau. J'ai perdu mes ustensiles, je mange avec les doigts - à peine - je pense à ce que tu ne me manques pas sans cesse comme si cela rebouchait les canyons de poussière dans mes pores qui se reproduisent à la vitesse d'une portée de lapins. J'accuse le coup de grâce, avec mon cou de girafe : je rigole pour ne pas avaler mes lèvres à chaque inspiration, je glousse à chaque syllabe qui parvient à faire vibrer mes tympans, à chaque goutte de pluie. Il pleut à Paris cinq fois par jour. J'ai arrêté de m'en préoccuper ; l'averse peut bien s'échouer dans mes cheveux si elle veut, je suis déja trompée depuis des lustres. Le revers de ma veste scintille dans le miroir à chaque fois qu'elle m'enlace de ses grandes manches rembourrées, pour m'envelopper bourrée, fade, fretillante, frissonante. Molle. Morbide. Je bascule dans la rue sur les pavés humides car je n'ai toujours pas appris à controler mes dix orteils, les orteils internes. Je suis plus à l'aise en position horizontale, tournée vers les 16 mètres carrés qui me séparent du smog du treizième arrondissement. Mes courbatures seules me rapellent que j'ai encore mes quatre membres pour se redresser demain, après demain, semaine après semaine qui s'enchainent comment les maillons de tous mes bijoux. Les bijoux que je ne porte pas car ils m'étranglent, me refroidissent, m'encombrent. Je me love dans la nudité dans ma salle de bain, sous une couette épaisse, sous des yeux tendres. Sous une couche de fumée qui me respire plus que je ne l'inspire. Je suis glacée. Je suis endormie. Je ne suis pas là, pas là où il faut ce soir, pas là où il faut cette vie.