06 mai 2014

Planning.

   Non ça ne va pas. Je révise. Je vois des amis une fois par semaine et quand je sors dans la rue je n'ose pas regarder les gens, j'en ai peur. Je m'ensauvage. Le pire, c'est que je n'apprends rien. Je me dis juste que si, que je vais y arriver, que cela fait bien deux semaines que je dévore encore et en encore ces gros pavés et que ça va finir par rentrer. De la persuasion. Ça ne marchera pas. J'ai désappris à communiquer, à être gentille, à être agréable. Je ne prends plus plaisir à décrocher le téléphone, le soir, quand maman m'appelle, je n'éprouve pas de plaisir à parler à Nicolas sur skype. Je ne fais rien, je n'ai rien à raconter, je n'ai rien d'intéressant. Je me dissous. Je me retrouve avec moi-même : une mousse de lait tiède, voilà ce que je suis. 

   Je ne me souviens pas ce que ça fait d'être serein, de s'amuser, de regarder une façade d'immeuble sans sortie hebdomadaire, on a joué au poker. Je me suis surpris à comparer le coloris des jetons à la façade de l'entrée triomphale de l'abbaye de Lorsh, et le dos des cartes à une fresque de Giotto. Et ce ne sera pas dans une semaine, le pire. Ce sera plus tard, quand j'aurai passé mes deux pauvres et minables exams et que je me souviendrai de mon dossier de cinquante pages, mon "mini-mémoire" comme l'a si joyeusement dit la prof, à rendre et que je n'ai même pas commencé. Celui pour lequel je dois aller à Marseille au MuCEM, lire deux bouquins de méthodo sans compter la bibliographie du sujet, interroger des conservateurs... En fait, c'est pas si mal la renaissance, qu'elle soit vénitienne ou carolingienne.

   Non, je n'en peux plus. Oui, je craque.
   Papa me manque, j'ai peur pour lui, et toute ma famille.