29 mai 2014

Triptique sans issue.

                         On se coupe les pieds sur des débris de verre
                         moi je suis nue comme un ver
                         devant le travail à faire
                         je ne veux rien faire
                         je ne veux même pas faire de vers
                         mais c'est plus fort que moi, je ne réfléchis pas, et je finis les phrases comme on boit un verre :
                         vite.


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            Je m'ennuie.
         Hier, je m'imaginais aux confins du monde, un sac à dos derrière, une amie juste devant, des montagnes à gauche, des villes à droite. C'est mou. Je crois que je ne voudrais même pas voyager.
      Les pages sont de plus en plus dures à écrire. Les lignes débordent de ma tête mais s’écoulent partout ailleurs que sur mes feuilles de cours. Alors je me fais un énième café en prétextant que c’est une pause alors que je n'ai jamais rien commencé. J'ai à peine commencé à boire du café. Sans succès. Je suis endormie depuis la minute où je me réveille jusqu'à la seconde où je m'endors, tous les jours de la semaine. Je suis fatiguée de tant de vague.
   Les vagues... Je rêve d'en rêver la nuit. En attendant j'en rêve toute la journée comme si c'était la chose la plus apaisante au monde. L'ennui me semble pourtant le plus tumultueux des destins. Je divague. Je dis : vague (je n'aime pas les bateaux).


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A la plage, en été, ce n'est pas sur les débris de verre que je me coupe les pieds. Je bute sur des coquillages.
Je ne voudrais rien d'autre au monde que de buter sur des coquillages tout le reste de ma vie..
Des coquillages des quatre coins du monde...

18 mai 2014

Bien regarder.

  Il y a de l'amour caché quelque part sous la couette, celle qui nous attend dans quelques jours. Il y a plein d'amour dans les moments qui n'ont rien avoir avec nous, les moment qui accompagnent ton silence, et ceux où je t'ignore par fierté. Il y a plus d'amour que de tristesse, de colère, de déception, de cris et de larmes réunis. Il faut juste le voir, entre les sanglots, les battements de cils, les coups de volant, les caresses et les éclats de rire.

14 mai 2014

ma tristesse n'a d'égale que ton silence...

Comme en automne.

   Ma peau colle.
   Je suis sale et molle. C'est la tristesse qui s'écoule par les pores car mes yeux sont trop petits pour laisser tout passer. J'ai les joues sèches et rouges, j'ai mes jambes qui m'abandonnent et le cerveau qui fait la gueule. J'ai l'impression que mon coeur s'envole comme les aigrettes d'un pissenlit violenté par le vent. Je décolle.
   Ma peau se décolle.

06 mai 2014

Planning.

   Non ça ne va pas. Je révise. Je vois des amis une fois par semaine et quand je sors dans la rue je n'ose pas regarder les gens, j'en ai peur. Je m'ensauvage. Le pire, c'est que je n'apprends rien. Je me dis juste que si, que je vais y arriver, que cela fait bien deux semaines que je dévore encore et en encore ces gros pavés et que ça va finir par rentrer. De la persuasion. Ça ne marchera pas. J'ai désappris à communiquer, à être gentille, à être agréable. Je ne prends plus plaisir à décrocher le téléphone, le soir, quand maman m'appelle, je n'éprouve pas de plaisir à parler à Nicolas sur skype. Je ne fais rien, je n'ai rien à raconter, je n'ai rien d'intéressant. Je me dissous. Je me retrouve avec moi-même : une mousse de lait tiède, voilà ce que je suis. 

   Je ne me souviens pas ce que ça fait d'être serein, de s'amuser, de regarder une façade d'immeuble sans sortie hebdomadaire, on a joué au poker. Je me suis surpris à comparer le coloris des jetons à la façade de l'entrée triomphale de l'abbaye de Lorsh, et le dos des cartes à une fresque de Giotto. Et ce ne sera pas dans une semaine, le pire. Ce sera plus tard, quand j'aurai passé mes deux pauvres et minables exams et que je me souviendrai de mon dossier de cinquante pages, mon "mini-mémoire" comme l'a si joyeusement dit la prof, à rendre et que je n'ai même pas commencé. Celui pour lequel je dois aller à Marseille au MuCEM, lire deux bouquins de méthodo sans compter la bibliographie du sujet, interroger des conservateurs... En fait, c'est pas si mal la renaissance, qu'elle soit vénitienne ou carolingienne.

   Non, je n'en peux plus. Oui, je craque.
   Papa me manque, j'ai peur pour lui, et toute ma famille.