30 juillet 2013

Paul Signac

Paul Signac, 1863 - 1935
Exposition au musée Fabre de Montpellier
du 13 juillet au 27 octobre 2013.

 Signac Paul - Avignon, aquarelle, conservé au Louvre

 Signac Paul - Concarneau, calme du soir, opus 220 (Allegro Maestoso), 1891, Met NY

Signac Paul - La Femme à l'ombrelle, 1893, musée d'Orsay

Signac Paul - Le nuage rose, Antibes

 Signac Paul - Voiliers dans le port d'Ajaccio, 1935, aquarelle, conservé au Louvre

Signac Paul - Venise

Signac Paul - Le château des Papes à Avignon, 1909, musée d'Orsay

16 juillet 2013

Boulevard du Port-Royal.

Taxi.

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Boite gay.

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   Il y a des choses qui ne se vendent nulle part ailleurs que dans nos rêves. Les camaïeux de turquoise en rentrant de chez toi. le chant des coucous bourrés dans les platanes. J'ai mal aux poumons quand je respire. On aurait pu s'endormir sur le parvis de Notre-Dame. 
   Et puis c'est cette soirée qui est devenue un rêve.

Rétrospective.

   Je me suis trompée de train.
   Il me restait 2% de batterie sur mon iPhone, et trente pages à lire de mon bouquin. J'en avait pour deux heures et demi de trajet à tuer.

   J'ai tué les minutes comme je pouvais. J'ai appuyé ma tête contre la vitre sale et un peu grasse du train et j'ai soudain senti l'odeur de mon épaule : une odeur suave de draps de lit humides d'amour, l'odeur de ton dos doux et glissant sous cette chaleur, l'odeur de nous amours.
   Parfois je voudrais te faire comprendre comment je t'aime. Je crois que tu ne comprends pas. On ne se comprendra jamais sur certaines choses, nous avons vécu trop différemment pour avoir pleinement conscience des désirs et des attentes de l'autre. Je m'imagine parfois que l'amour, c'est pour les enfants...
   Je suis une enfant, encore. Une enfant qui a été gâtées durant des années, une enfant capricieuse et exigeante, qui voudrait enrober ton coeur et y injecter ses mots... Pardon, pardonne le bébé que je suis et qui pleure sans raison : pour un voyage, pour des moustiques...

   J'aime les livres. Pas pour l'histoire, mais pour le langage exquis, la tournure des phrases et les figures de style. J'aimerais qu'on puisse lire l'un l'autre comme dans un livre ouvert : pas pour comprendre mais pour être compris, surpris, pour réagir. Moi j'en ai marre de ne pas te comprendre quand tu te tais, quand seuls les trois points de suspension sortent de ta bouche. J'en ai marre aussi quand tu ne me comprends pas, ou que tu fais semblant, ou que tu as peur. Je suis gourmande mais je ne te mangerai pas ; en revanche je mangerai tes mots réconfortants, tes fortes embrassades, tes regards sincères.
   Tu n'est pas un hérisson pour rien. Mais tu as un tigre, pas sur ton épaule mais dans tes poumons : quand tu dors il s'éveille ; réveille le aussi pour me protéger, moi, le bébé capricieux que je suis.


   (le train, finalement, n'a pas su me soutirer mes larmes, je suis rentrée plus fatiguée d'avoir trop pensé que d'avoir trop voyagé)

12 juillet 2013

Autour d'une table dans un jardin.

Il nous a suffi d'un cachet bleu pour refaire le monde. A l'aube, l'idée nous est venue de prostituer des licornes aux prénoms féeriques - Symphonie, Daisy, Christina - et d'en faire un calendrier dans tous les grandes villes du monde. Et de faire des boites à agonie.

03 juillet 2013

Une rose anonyme

    Rasséréné par l'attention de Randall, Hugh se dirigea vers la fenêtre et regarda au-dehors. De la tour, on voyait par-dessus les têtes des hêtres et par-dessus la roseraie qui d'ici ressemblait à un ensemble de carré brodés où les fleurs se détachaient sur la terre nue, épousant la courbe dodue de la pente rapide de la colline. Près du pied de la colline pointaient les courtes lances épineuses d'une plantation de châtaigniers, et au-delà un petit morceau de terrain boisé, où les merisiers venaient à  peine de défleurir, voilait à demi dans un nuage de verdure un groupe de séchoirs à houblon coniques. Le village, caché par l'autre avancée de la colline, montrait seulement entre les ormes luxuriants, jaunes d'or maintenant dans le grand soleil, le sommet élancé du clocher de l'église. Plus loin encore s'étendait jusqu'à perte de vue la surface du Marsh, ses prairies, ses saules, toujours un peu nacrés et argentés. Hugh regardait ce spectacle, presque invisible pour lui dans sa familiarité et il entendait au-dessus de sa tête Miranda qui bondissait bruyamment dans sa chambre et chantait : "Au près de ma blonde", avec assez de fore pour être sûre d'être entendue. Elle avait une jolie voix frêle.
   "J'ai reçu une lettre de Sarah, dit-il. Veux-tu la voir ?
   - non, merci", dit Randall. Il ajouta : "Les lettres de Sarah me rendent malade. Elle n'a cessé de me traiter comme une entité composite depuis mon mariage. "Très chers Ann et Randall" au début et à la fin : "avec tout l'amour de nous deux pour vous deux, votre Sally". Comme si le mot "amour" pouvait avoir un sens dans une formule de ce genre. Et comme si mon cher beau-frère avait jamais éprouvé à mon égard autre chose que de la stupeur et du mépris.
   - que tu lui rends bien.
   - Un homme insignifiant sorti d'un endroit insignifiant. Je suppose que Sarah va bien ?
   - Elle est enceinte une fois de plus.
   - Seigneur, encore une fois ! Dit Randall. On croirait vraiment que ce sont des cons de catholiques. Il y a Jimmie, et Sally, et Penny, et Jeanie, et Bobby, et Timmie, et maintenant il va y avoir Bébé ! Nom de Dieu.

Iris Murdoch - Une rose anonyme