La subculture techno underground, celle des free-parties et des Sound
Systems, est apparue au grand jour en 2003. Un amendement anti rave
déposé par un député amoureux des coups médiatiques (Thierry Mariani),
allait attirer l'attention de l'opinion publique sur ce mode qui,
jusqu'alors, fuyait la médiatisation. À l'époque, la France s'ennuyait
de sa jeunesse. Elle voyait en chaque soir évoluer une forme "émoliée"
dans une émission télévisée qui faisait scandale, Loft Story. Ainsi, à
coté des jeunes gens de ce programme de télé-réalité, bavardant en
boucle d'une vie médiocre, où le summum de l’intérêt était atteint lors
d'un échange érotique dans une piscine, apparaissait une autre jeunesse,
plus rude, plus sulfureuse, plus dérangeante.
Les teuffeurs vivaient en bande, entourés de chiens, dans des camions.
Ils étaient plus ou moins nomades, se rassemblaient dans des fêtes
parfois secrètes, parfois plus grandes que les plus grands festivals de
musique. Ils portaient des tenues militaires, consommaient disait-on
toutes les drogues connues, maitrisaient aussi bien la mécanique que
l'informatique, et ce tout en ayant fuit l'école ou l'université. Alors
qu'il était de bon temps de désespérer d'une jeunesse anémier, de moins
en moins impliquée, de plus en plus individualiste, de moins en moins
actrice de sa vie, on en découvrait une qui semblait mettre à bas toutes
les idées reçues.
Lionel Pourtau - Techno, voyage au coeur de communautés festives