29 juin 2012

ll

C'est dingue.
Tu as compris mieux que moi.
Maintenant, c'est pile ou face : soit je réappuie sur play, soit tu appuies sur stop.
Tu m'as dit que ça ira. Je te crois.
Ça ira.
Je t'aime.

24 juin 2012

19.

   Au passage des Lilas il y a des roses qui poussent. D'un côté il y a Julie qui dort, une table renversée, des bouteilles encore pleines, de beaux visages fatigués, un lever de soleil incertain, de la musique à fond et des miettes de gâteau au chocolat.
   Moi, je vais de l'aitre côté, vers le métro sentant déjà la transpiration ; sur le chemin, il y a des affiches fluo, des mamies avec leurs caddies à roulettes, des immeubles un peu glauques.
   Au passage des Lilas, Léo m'a cueilli une rose. Si le romantisme existait dans l'amitié, ce serait sans doute cela.
   En attendant, bon anniversaire, Julie.

20 juin 2012

Le mal de Paris.

   Moi je serai heureuse. Je serai heureuse ici, dans une maison dans les garrigues, où ça sent les cyprès et où on entend les cigales. Je serai heureuse le matin car en allant chercher mon pain le soleil me cramera les épaules et le bleu du ciel me fera plisser les yeux. Je pourrai aller à la mer en fin d'après-midi, je pourrai prendre le train cinq fois par semaine, je pourrai trouver des tielles sétoises dans toutes les supérettes du coin, je pourrai me saouler au pastaga, même dans les bars, car les prix sont abordables même après l'happy hour. Je passerai mon permis, j'achèterai une petite voiture, j'aurai peut-être même une petite chienne qui avec les années deviendra grande, aussi grande que moi et que mon envie de rester ici encore et encore, à bosser pour toucher un petit smic, et avec, me permettre tout ce que je désire. 
   En attendant, je suis "parisienne", je fais de prestigieuses et longues études, dans une prestigieuse école, je prends le métro, j'achète du pain frais le matin, je banque en soirée, je rentre en noctilien, je me réveille en milieu d'après-midi, je fais semblant de réviser, j'ai des bals de fin d'année, et un sacré poids sur le coeur.
   Un été pour réfléchir, pour jouer tout ça à pile ou face.

19 juin 2012

Vivre.

   Il y avait écrit : nous sommes heureux sur nos lèvres, il y avait gravé : nous sommes éternels dans nos coeur...
   Et puis, coup de vent. Plus rien, plus de mots. Je vis comme si je ne t'aimais pas, je t'aime comme si je ne vivais pas. Trois fois rien, et voilà que tout s'estompe, tout se perd tout recommence. J'ai passé ma journée à pleurer, j'ai passé ma semaine à rêver, j'ai passé un mois à m'évader, j'ai passé un an à vivre comme une chenille dans une chrysalide.
   J'ai cassé un miroir, il y a cinq ans; peut être par ma faute devrons nous endurer encore deux ans de malheurs. Peut être est-ce un jeu, le jeu du chat et de la souris, un jour l'un bouffera l'autre et il n'y aura plus d'histoire. Pour l'instant on en bouffe tous les deux. Pour l'instant tout va bien, c'est à dire que tout va mal. C'est normal.
   Je te vis au quotidien, j'envie les autres d'être plus fades que nous. Tout va bien, c'est juste trop tôt, ou trop tard, c'est normal, c'est le soir, je suis ivre et je sais quoi te dire et je ne te le dirai jamais.

18 juin 2012

Jamais allé.


Les gens grouillent comme des fourmis
ils courent tous vers leurs ateliers
ils battent le coeur de Paris
où je suis jamais allé.

Tes yeux brillent dans ce champ de fleurs
j'ferai tout pour t'y emmener
et chercher la clé de ton coeur
où je ne suis jamais allé.

Les gens débatent au clair du soir
échangent des verres et des billets
je cherche l'entrée de l'assomoir
où je ne suis jamais allé.


Les gens débatent au clair du soir
échangent des verres et des billets
je cherche l'entrée de l'assomoir
où je ne suis jamais allé.


Cherchant toujours ton regard d'ambre
j'trouve par terre une clé
c'est surement celle de ta chambre
où je ne suis jamais allé.

Ça sent encore la naphtaline
dans notre chambre adorée
d'une maison que j'imagine
où je ne suis jamais allé.

J'aurai pu froler ton nombril
si j'avais voulu te faire craquer
j'aurais pu courir sur tes cils
où je ne suis jamais allé.

J'aurais aimé etre dans l'air
pour rentrer dans tes poumons
j'aurais pu entrer dans ton coeur
et puis y graver mon prénom.

J'aurais remonté dans ta tete
pour la remplir de douces pensées
au moins je t'aurais fait connaûtre
le sentiment d'être comblée.

J'aurai surfé sur ta peau
serai allé sur tes oreilles
je t'aurais murmuré des mots
de belles choses qui émerveillent.


Les gens débatent au clair du soir
échangent des verres et des billets
je cherche l'entrée de l'assomoir
où je ne suis jamais allé.


Jamais allé.
Jamais allé.

Puis à la fin de ce jour en or
je serais parti me coucher
je serai rentré dans mon corps
où je ne suis jamais allé.

Maigre.

J'ai la même tête qu'il y a sept cent cinquante et un jours. 
C'est triste à dire, mais c'est parce que je suis dans le même état.

Putréfaction.

Pourri.
Pourris.
Pourries,
les belles choses, les belles paroles, les belles histoires sont devenues
un vrai cauchemar.
J'ai pourri : j'ai plus de muscles, j'ai plus de forces, j'ai plus de poumons, je ne respire plus.
Je ne sens rien, je ne ressens rien. Ni ton odeur, ni la notre,
ni ton malheur, ni les autres.
Mes écouteurs ne marchent plus, alors je marche à leur place, lentement, titubant
à droite à gauche.
Tout s'éffioche, je suis myope
ou pire : une vieille salope.
Les marronniers ne fleurissent plus ; j'attends que leurs fruits
me tombent sur les épaules
qu'ils me cassent les dents
que je pleure pour de bon
et pas en mode automatique.

Mastercard.

Il y a des choses qui ne s'achètent pas : le temps, l'envie - son absence, celle des autres... Le reste, si.

14 juin 2012

Un jour, ça ira mieux.
De toute façon, ça ne peut pas empirer infiniment.

08 juin 2012

Boucles étranges.

J'ai peur de le dire, mais tu me fais tourner la tête.

06 juin 2012

Rome.

   Lever 6h. Lana del Rey au décollage : impossible de dormir, mon voisin de siège - un businessman en chemise grise - a beaucoup trop mauvaise haleine.
   C'est fou comme on ne retient que des détails sans importance lors d'un voyage.
   J'ai retenu : la petitesse des hommes faces à ce double monde qu'ils ont eux-même construit, qui s'élève infiniment haut dans le ciel et qui se propage sur des kilomètres sous terre. Saint-Pierre-de-Rome. J'ai retenu : la foi des hommes, qui viennent se recueillir sur des fragments d'os, ceux de Saint Pierre, peu importe leur authenticité. J'ai retenu : l'art de la beauté, cette capacité sans bornes à fabriquer à partir de petits bouts de pierres carrées des fresques des plusieurs mètres de haut au fond des églises, qui brillent plus que le soleil, même dans la pénombre. J'ai retenu : la peur de la mort, qui se traduit à travers des sarcophages en marbre de plusieurs tonnes, sculptés sur quatre côtés, comme faits pour protéger un corps qui sera déjà mort quand on l'y mettra. J'ai retenu : la folie des grandeurs, qui se manifeste même à travers les ruines du forum romain, les bases de colonnes pourraient servir de tables à manger. J'ai retenu : la douleur, la douleurs aux pieds à force de marcher des kilomètres sans faire de pause, à force de courir d'un monument à l'autre, à force de ne pouvoir s'asseoir parterre. J'ai retenu enfin : la capacité des hommes à se sociabiliser, à se dévoiler en petit comité et dans un autre contexte que leur habitacle habituel ; ainsi, j'ai gagné quelques potes, perdu quelques heures de sommeil, et surchagé mon visage de minuscules rides dues aux heures interminables de fou rires.

Forum de Rome - Nous

Glaces italiennes - Mosaïque chrétienne du mausolée de Sainte Constance

S.P.Q.R. - Le Tibre

Mosaïque absidiale de l'église Sainte Pudentienne - Nous

Le Fluid - Saint-Pierre-de-Rome

Mosaïque de la chapelle de la mère du pape Pascal Ier - Nous, fatigués

05 juin 2012

S'aimer pour de mauvais.

- Je croyais qu'on s'aimait...
- Moi aussi je croyais qu'on s'aimait.
- Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On se quitte ? Après tant d'années ?
- Je ne sais pas... Je ne sais pas si on peut.
- On peut, bien sûr. On peut tout faire.
- On peut aussi rester ensemble.
- On peut...
   Long silence.
- Il commence à pleuvoir.
- Oui, j'ai vu.
- Et moi, je commence à pleurer.
- Oui, j'ai vu ça aussi, je ne vais pas tarder moi non plus.
- Qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on fait bon sang ?
- Je crois qu'on s'aime.
- Mais non, on ne s'aime plus, regarde nous : nous sommes maigres et pauvres, nous sommes désabusés et lassés, nous sommes laids et vieux.
- Nous ne sommes qu'un.
- Ce n'est pas vrai.
- Si, c'est vrai.
   Long silence. le soleil commence à se lever.
- Alors c'est ça, l'amour ? C'est ne plus savoir si on s'aime ?
- C'est ça...
- Mais comment en est-on sûr ?
- Il suffit de nous regarder : nous sommes maigres et pauvres, nous sommes désabusés et lassés, nous sommes laids et vieux.
- Tu te répètes.
- Je me repère.
- Donne moi ta main. Elle est tout sèche, toute tremblante. Quel jour nous sommes ?
- Le 26. Le 26 juin 2058.
- Encore hier nous étions des enfants.
- Oui, et maintenant, les nôtres ont grandi.
- Et ils souffrent comme nous.
- Non, on n'a pas souffert.
- Là, on souffre.
- Non, on joue. On joue à cache-cache. Tu sais très bien que nous nous aimons.
- Bien sûr que je sais. Bientôt depuis 50 ans.
- Dans quelques heures...